Le général libyen à la retraite Khalifa Haftar s'est donné jusqu'au 15 décembre pour chasser les milices islamistes de Benghazi (est) et trois mois pour leur reprendre Tripoli, annonce-t-il dans un entretien publié hier par le Corriere della Sera. Des forces loyales au général Haftar et à Abdallah al-Theni, le Premier ministre reconnu par la communauté internationale, mènent actuellement des offensives à l'ouest de Tripoli ainsi qu'à Benghazi pour tenter de reconquérir les deux plus grandes villes du pays, tombées cet été aux mains de milices islamistes. «Pour Tripoli nous n'en sommes qu'au début. Il nous faut plus de forces, plus d'approvisionnement», a déclaré le général au quotidien italien. «Je me suis donné trois mois, mais peut-être qu'il y aura besoin de moins: les islamistes de +Fajr Libya+ (Aube de la Libye) ne sont pas difficiles à combattre, pas plus que l'EI à Derna», une ville de l'est du pays devenue le fief de partisans de l'organisation Etat islamique (EI), a assuré le général Haftar. «La priorité reste Benghazi. (La milice islamiste) Ansar Ashari'â est aguerrie, cela demande plus d'engagement. Même si elle n'a pas de grands stratèges militaires et que nous avons pris l'ascendant: nous contrôlons 80% de la ville», a-t-il affirmé. Le général veut que le Parlement et le gouvernement al-Theni, actuellement à Tobrouk, tout à l'est du pays, reviennent au moins à Benghazi: «Je me suis fixé une date limite: le 15 décembre». «Le Parlement de Tobrouk est celui qui a été élu par le peuple. Celui de Tripoli est une assemblée illégale et islamiste qui veut faire revenir l'histoire en arrière», a-t-il insisté lors de cet entretien réalisé près de Benghazi. «Mais la vraie menace vient des fondamentalistes qui cherchent à imposer partout leur volonté. Si Ansar Ashari'â prend le pouvoir ici, la menace arrivera chez vous en Europe. Dans vos maisons», a lancé le général au quotidien italien. «L'Egypte, l'Algérie, les Emirats, les Saoudiens nous ont envoyé des armes et des munitions, mais de vieilles technologies. Nous ne vous (Européens) demandons pas de nous envoyer des troupes au sol ou des avions bombardiers: si nous avons les équipements militaires adéquats, nous nous débrouillerons», a-t-il ajouté.