Le siège du FLN Pour le patron du vieux parti, tout ce qui s'écrit dans la presse à propos de dissidence à l'APN et au Sénat est faux. Amar Saâdani, le secrétaire général du FLN, sait bien comment inverser les situations à son seul profit. A chaque réplique où on tente de l'affaiblir, il répond par une forte secousse qui le conforte dans sa position. Quand on évoque une contestation dans les mouhafadhas, il convoque les mouhafedhs pour signer une motion de soutien. Et quand ce sont les parlementaires qui le font, il les réunit pour confirmer leur allégeance. C'est ce qui s'est passé le soir du mercredi dernier à l'hôtel El Aurassi d'Alger où il a réuni les parlementaires du parti. 188 députés et 37 sénateurs sont présents, a annoncé M.Saâdani à l'ouverture des travaux. Donc à peine une dizaine d'absents. Les ennemis du FLN dans le FLN Pourtant, le matin au sein de l'APN, plusieurs dizaines de députés ont tenu un rassemblement au terme duquel ils ont rendu un communiqué au vitriol contre le secrétaire général. «Hier, plusieurs députés m'ont appelé pour insister sur la nécessité de ne pas venir à la réunion. Aujourd'hui, ils sont les premiers à venir», dénonce un député. Mais ce qui intéresse le secrétaire général c'est la présence des parlementaires. Après donc la réunion des mouhafedhs, en présence de la vingtaine de nouveaux mouhafedhs issus du nouveau découpage, Amar Saâdani a voulu faire une autre démonstration de force. Chose non habituelle, il invite les parlementaires à prendre la parole, en présence de la presse, et à formuler des critiques s'ils en ont. Comme prévu, tous les intervenants ont salué les démarches du secrétaire général, à l'exception d'un sénateur de Béjaïa, immédiatement «corrigé» par M.Saâdani. Pour le patron du vieux parti, tout ce qui s'écrit dans la presse à propos de dissidence à l'APN et au Sénat est faux. Fait-il allusion au ministre de la Justice, Tayeb Louh, qui serait derrière la protestation des députés? Rien n'est moins sûr d'autant plus que Abderrahmane Belayat, chef de file de l'opposition, accuse M.Saâdani d'avoir instruit les parlementaires de bouder les projets présentés par le ministre de la Justice. En donnant la parole aux parlementaires, Amar Saâdani savait que personne n'osera critiquer ses démarches. D'ailleurs, le premier à l'avoir fait a été rappelé à l'ordre. Les suivant sont avertis: ils doivent aborder uniquement les problèmes du groupe parlementaire. Cela ne les a pas empêchés d'exprimer leur soutien à la direction nationale, à sa tête le secrétaire général. Dans son intervention, le sénateur de Béjaïa a indiqué que le parti est «malade» et il lui faut un remède. «Les ennemis du parti sont dans le parti et ils vous entourent M. le secrétaire général», a-t-il dit, appelant à assainir la situation faite de division, de marginalisation et d'exclusion des cadres. Et à l'ancien président de l'APN de réagir sur le coup, affirmant que l'intervenant conteste le fait qu'il ne soit pas nommé mouhafedh. Reprenant la parole, M. Saâdani s'est attaqué à l'opposition et à deux journaux qui «agressent le FLN depuis 1988». Il a appelé les parlementaires à trouver des solutions aux problèmes du groupe parlementaire pour l'organiser de l'intérieur. En tout et pour tout, Amar Saâdani est dans une entreprise de renforcement de sa mainmise sur les structures du parti. Le texte fondamental sera adopté au 1e trimestre 2015 Il est accusé de tout faire pour préparer un congrès sur mesure, une simple formalité pour s'offrir le prochain mandat à la tête du parti. Pour Abderrahmane Belayat, qui tient à son poste de coordinateur du bureau politique du parti, «Amar Saâdani se comporte comme un empereur». «Son style est de faire les forcings et les fuites en avant mais il reste dans l'illégalité», a-t-il dit, estimant que la réunion avec les parlementaires est juste un remake de la réunion du 29 août «durant laquelle il a été imposé de force». «Le nombre de présents annoncé est faux car il a ramené des gens qui n'ont pas la qualité de parlementaires», accuse M.Belayat. Selon lui, si M.Saâdani a organisé un «soi-disant débat», c'est qu'il doute de sa légitimité. Il lui lance ce défi: «Allez au comité central et soumettez le poste au vote pour confirmer votre légitimité si vous êtes vraiment solide.» En la matière, les moufahedhs et les parlementaires n'ont aucune prérogative, rappelle-t-il. Mais notre interlocuteur ajoute que Amar Saâdani est en train de fuir le CC car son seul souci est d'organiser un congrès sur mesure. «Le combat contre lui se poursuit», insiste-t-il encore. Tamazight s'invite à la réunion des députés FLN Le député de Tizi Ouzou, Saïd Lakhdari, a profité de la réunion du secrétaire général du FLN avec les parlementaires, pour réitérer sa revendication de l'officialisation de la langue amazighe à l'occasion de la révision de la Constitution. Pour lui, il est temps d'officialiser cette langue ancestrale pour retirer la revendication à ceux qui en font un fonds de commerce. La demande a déjà été introduite par le FLN dans le cadre des consultations sur la Constitution. Amar Saâdani a annoncé, en marge de la réunion, que le texte fondamental sera adopté durant le premier trimestre 2015.