Les participants ont eu droit à une démonstration pratique sur les chants amazighs Les travaux du Colloque international sur le patrimoine musical de la Kabylie se suivent à la petite salle de la Maison de la culture Taos-Amrouche de Béjaïa. Dans l'après-midi de la première journée les participants ont suivi des conférences fort intéressantes portant sur plusieurs thématiques et grands axes, à savoir: «Aire d'ancrage de la musique amazighe en Afrique du Nord» et «le chant amazigh et le monde des femmes». On citera, entre autres, la conférence de Anas Ghrab de Tunisie intitulée «Vers la détermination des caractéristiques mélodiques des chants de femmes de la région du Sud-Est tunisien», la conférence de Mohamed Mehannek portant sur les pratiques musicales et rites traditionnels de Kabylie face à la modernisation: cas du village Timerzouga des At-Djenad dans la wilaya de Tizi Ouzou». Deux conférencières ont été aussi de la partie, Sabrina Haffad d'Algérie et Samira Bensaïd de Tunisie, qui ont chacune de son côté, traité des chants de mariages et autres circonstances de fêtes chez la femme kabyle et tunisienne. Dans la matinée du deuxième jour, soit hier, le colloque s'est penché sur un axe relatif au «chant amazigh préservé par les femmes». Quatre conférenciers se sont relayés à la tribune pour présenter des communications sous la modération de Faouzia Belhachemi. Le premier conférencier, Mehenna Mahfoufi a abordé «le chant d'endormissement dans le répertoire musical kabyle». Sur cet aspect, il a rapellé que «le chant d'endormissement ou berceuse (Azzuzzen ou ahuzzu) constitue l'un des genres du répertoire musical kabyle que les femmes composent, diffusent et perpétuent de génération en génération depuis la nuit des temps...». Laquelle perpétuation, avait-il asséné, «s'est interrompue après l'indépendance en raison des mutations sociales vécues par les femmes». Suivie de trois autres conférences animées par Dahbia Aït Kadi, Zahia Taraha et Fatima Dilmi respectivement portant sur le rôle des femmes dans la sauvegarde du chant amazigh. La conférence de Fatima Dilmi a trait à «Izli...Poème structure et sujets». Dans sa conférence, elle a relaté à travers des exemples de poèmes chantés par les femmes entre elles, comme l'amour et l'érotisme dans la société fermée de la Kabylie.En outre, dans la soirée du premier jour du colloque, les participants ont eu droit à une démonstration pratique sur les chants amazighs interprétés par deux groupes de femmes reconstitués pour la circonstance. Tizizwa de Kabylie (abeilles de Kabylie) venues du village Aït-Issaâd dans la région d'Azazga et l'autre groupe du village Iguerfasen dans la région de Bouzeguene. Les deux troupes ont pu témoigner de la riche diversité du répertoire musical ancestral villageois. Dans la présentation des deux groupes, M.Mahfoufi, responsable scientifique du colloque, a déclaré à l'assistance que «ces femmes ne sont pas des artistes, elles n'ont pas l'habitude de se produire en public. Ce sont deux groupes constitués pour la circonstance du colloque pour restituer quelques rituels pratiqué, dans le temps, qui sont en voie de disparition de nos jours». En effet, ces femmes, un trésor inestimable en matière de patrimoine culturel immatériel, ont interprété, pour la première fois en dehors du cadre villageois, quelques chants fonctionnels dits «izlan ou tibugharine» liés aux différents rituels du long cycle de la vie (chants de la naissance, chants d'endormissement, chants de circoncision,... (appelés izlan ou tibughrarine), chant d'évocation amoureuse (ahiha), chants sur la guerre de libération... chant de la mort)...