Sonatrach qui table sur une hausse de la production primaire des hydrocarbures de 195 millions de Tep (tonne équivalent pétrole) en 2013 à 225 millions de Tep d'ici à 2018 va investir 102 milliards de dollars, dont 60% pour l'exploration et la production des hydrocarbures. La dégringolade des cours de l'or noir va-t-elle contrarier ce projet? La question est désormais posée. Pour le moment, il va falloir gérer l'information qui a conduit à ce type d'interrogation qui est loin d'être rassurante. La dégringolade des prix du pétrole menace des projets d'investissements pétroliers de l'ordre de 150 milliards de dollars. C'est l'analyse à laquelle est parvenu un cabinet d'experts norvégien. «Tout ce qui a un coût élevé sera vulnérable: l'Arctique, les sables bitumineux et les petits projets en eaux profondes», a précisé Per Magnus Nysveen qui a mené cette étude chez Rystad Energy. Et l'Algérie? «Tous les pays vont souffrir. La Russie va souffrir à cause de l'Arctique. Le Canada et l'Alaska vont souffrir (...) tandis que l'huile de schiste aux Etats-Unis est devenue moins chère à produire et ne devrait donc pas souffrir autant», a-t-il fait remarquer. C'est certainement une contrariété que la Compagnie nationale des hydrocarbures n'a pas intégré dans ses calculs. Sonatrach qui table sur une hausse de la production primaire des hydrocarbures de 195 millions de Tep (tonne équivalent pétrole) en 2013 à 225 millions de Tep d'ici à 2018 va investir 102 milliards de dollars. «Cet objectif de production a été retenu au titre du plan de développement à moyen terme du groupe (Pmte 2014-2018) et auquel celui-ci a consacré 102 milliards de dollars d'investissements, dont 60% pour l'exploration et la production des hydrocarbures», avait précisé au mois de juillet 2014 une source proche de l'entreprise qui avait ajouté que: «L'Algérie va renouer grâce à la mise en service de plusieurs projets pétroliers et gaziers, avec ses niveaux de production atteints avant 2010.» Le pétrole évoluait encore dans une fourchette comprise entre 105 et 110 dollars. Hier à midi, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier valait 69,14 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Soit une baisse de 50 cents par rapport à la clôture de jeudi. A New York, dans les échanges électroniques, le baril de «Light Sweet Crude» (WTI) pour la même échéance lâchait 56 cents à 66,25 dollars. Ces prix peuvent-ils permettre à Sonatrach de mener à bien son projet? «Tout dépendra de ce que les compagnies pétrolières décideront de faire mais si elles ne développent pas les gisements rentables à partir d'un baril de plus de 80 dollars, 150 Mrd de dollars passeront à la trappe», a estimé Per Magnus Nysveen. Force est de constater qu'au rythme où évolue le baril de brut, il est à se demander si d'ici quelques mois il n'atteindra pas un niveau insupportable pour l'élaboration de la prochaine loi de finances sur la base de 37 dollars. L'hypothèse est loin d'être farfelue si l'on retient que le prix du baril de Brent coté à Londres a perdu plus de 46 dollars en moins de six mois. Entre le 19 juin et hier. Il y a de l'ordre à remettre dans la maison. Diversifier l'économie, l'assainir et la sortir de l'informel est un défi majeur que ne sont pas arrivées à relever les différentes équipes qui ont eu à gérer les affaires du pays depuis son accession à l'indépendance. Avec la chute des prix du pétrole, cette mission qui est toujours d'actualité se complique davantage. L'équation est simple. Plus les recettes pétrolières vont diminuer, plus le risque de voir des chantiers d'envergure remis en cause est grand. Car si l'Algérie n'a pas de recette miracle pour stopper la chute des cours de l'or noir, elle ne semble pas non plus apte à maîtriser une facture des importations qui devrait avoisiner les 60 milliards de dollars d'ici la fin de l'année 2014. Les cours actuels des prix du pétrole ne suffiront pas à honorer une note aussi salée s'ils venaient à camper à de tels niveaux en 2015 alors que les différents ministères devront à coup sûr se serrer la ceinture. «La question sur la possibilité d'un prix du pétrole en dessous de 60 dollars se pose maintenant sur le marché de la City de Londres...» souligne Alastair McCaig de IG. Une autre raison de penser que des mesures draconiennes en matière de gestion des deniers de l'Etat doivent être prises.