Le Premier ministre rassure. L'Algérie ira au bout de ses choix «Nous avons fait nos calculs, étudié les scénarios les plus pessimistes et toutes les hypothèses, y compris si le pétrole descend à 70 dollars» a déclaré le Premier ministre, lors de son dicours d'ouverture des travaux de la 17e tripartite. Beaucoup d'encre a coulé au sujet de la dégringolade ininterrompue des prix du pétrole. Au point de se demander s'ils ne réussiront pas à remettre en cause certains projets du Plan de développement économique décidé en Conseil des ministres dans le cadre de la loi de finances 2015. Une inquiétude légitime, lorsque l'on sait que l'Algérie tire l'essentiel de ses revenus (environ 97%) de ses exportations d'hydrocarbures. Le premier ministre rassure. L'Algérie ira au bout de ses choix. Elle sait où elle va. «Nous avons établi trois hypothèses et nous avons choisi la plus optimiste, mais c'est un choix qui a été fait sur des bases réalistes. Nous ne nous dirigeons pas vers des horizons inconnus», a assuré Abdelmalek Sellal. «Nous travaillons avec de la prospective, ne naviguons pas à vue. Nous avons fait nos calculs, étudié les scénarios les plus pessimistes et toutes les hypothèses, y compris si le pétrole descend à 70 dollars» a précisé le patron de l'Exécutif qui a fait part de la volonté de l'Etat de poursuivre sa politique de diversification de l'économie qui sera soutenue par un plan d'investissements publics de 262 milliards de dollars, dont l'adoption par le Conseil des ministres est prévue pour la fin 2014. Rien n'est donc perdu. A condition de se retrousser les manches. «L'avenir de l'Algérie n'est pas hypothéqué. Nous devons réussir notre transition économique. Cela ne signifie pas que nous allons vers un libéralisme à outrance. Il faut que l'économie crée des richesses, mais en parallèle elle doit préserver l'aspect social», a souligné à ce sujet Abdelmalek Sellal qui a tenu à rappeler que: «La répartition des richesses doit être équitable: c'est le serment du président de la République quand il s'est présenté à l'élection présidentielle et aussi celui des martyrs», a-t-il souligné tout en faisant remarquer que 30% du PIB de l'Algérie, soit environ 60 milliards de dollars sont orientés annuellement aux transferts sociaux, en plus des montants consentis par l'Etat au secteur économique au titre des subventions indirectes pour les prix de l'énergie et de l'eau...La situation est-elle tenable à long terme? «L'Algérie pourra compter sur ses recettes pétrolières pour amorcer ce décollage économique, aidée par une production d'hydrocarbures, en hausse à partir de 2015, avec la mise en exploitation de plusieurs nouveaux gisements», a fait observer M.Sellal. Sonatrach avait en effet annoncé une augmentation de sa production à 225 millions de Tep (tonne équivalent pétrole), d'ici l'horizon 2018. «Le groupe pétrolier table sur la hausse de la production primaire des hydrocarbures de 195 millions de Tep en 2013 à 225 millions de Tep d'ici à 2018», avait indiqué au début du mois de juillet dernier une source proche de la compagnie nationale des hydrocarbures. «L'Algérie va renouer grâce à la mise en service de plusieurs projets pétroliers et gaziers, avec ses niveaux de production atteints avant 2010» avait affirmé la même source. L'actualité immédiate semble en tout cas donner raison au Premier ministre. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord qui avait glissé, il y a une semaine à son plus bas niveau depuis plus de deux ans il y a une semaine, s'est ressaisi. Hier, vers 10h GMT, il valait 97,76 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Soit une hausse de 6 cents par rapport à la clôture de jeudi dernier. «A plus de 97 USD le baril, le Brent s'échange à des niveaux plus élevés qu'il y a une semaine, après des séances extrêmement volatiles», soulignaient les analystes de Commerzbank. Face à la dégringolade des cours de l'or noir, il y a une arme redoutable: la réduction de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui assure plus de 30% de la consommation mondiale. «Le fait que l'Opep a signalé son intention d'empêcher une surabondance persistante sur le marché, en abaissant potentiellement sa production pourrait mettre fin à cette descente des prix du pétrole», ont par ailleurs estimé les experts de Commerzbank. Ce qui probablement explique l'optimisme de Abdelmalek Sellal.