Ces députés sont les politiques les plus critiqués du pays, en raison du manque d'actions, d'initiatives ou encore de propositions au profit du peuple Réévaluation des salaires, passeport diplomatique, congé spécial à la fin du mandat et possibilité de réintégrer son poste d'emploi en quittant l'Assemblée, voici les dernières et peut-être uniques revendications des députés du peuple à l'Assemblée. Alors que l'Algérie s'apprête à faire des économies dans la gestion de son budget de fonction, suite à la chute brutale du prix du pétrole, les députés qui ont été élus pour servir les intérêts et sauvegarder les acquis du peuple, essayent de s'assurer pour les années à venir un train de vie dorée. Elu pour une mission d'utilité sociale et publique, le parlementaire se présente plus comme un élu de la caisse du Trésor ou d'une chambre d'enregistrement. A quoi sert alors un député? Ces députés sont les politiques les plus critiqués du pays, en raison du manque d'actions, d'initiatives ou encore de propositions au profit du peuple. Dès leur arrivée au boulevard Zighout-Youcef, ces députés, dont une large majorité n'a pas été élue sur la base de son parcours politique ou de militantisme convaincu, étudient et cherchent toutes les failles du système pour tenter de s'enrichir et assurer un meilleur avenir à leur progéniture. Depuis l'installation d'une assemblée parlementaire pluraliste, les députés tous bords politiques confondus, n'ont jamais bloqué un projet gouvernemental ou éliminé un article qui va à l'encontre des intérêts du peuple, en revanche, ils défendent bec et ongles leurs intérêts personnels en brandissant à chaque fois la menace d'un boycott à l'approche d'un vote historique sur la révision de la Constitution. Mieux encore, toutes les revendications salariales des parlementaires sont faites en catimini. Pour preuve, c'est le site TSA qui a révélé l'affaire, sur la base d'une copie d'un document que les députés projettent de proposer à l'Assemblée afin de revoir la méthode de calcul de leurs salaires mensuels en calculant sur la base du plus haut point indiciaire de la Fonction publique des cadres supérieurs de l'Etat. Ainsi, selon l'article 19 du projet de loi. les députés proposent que «le président de l'Assemblée populaire nationale et le président du Conseil de la nation perçoivent une indemnité équivalente au salaire du Premier ministre». Les membres du Parlement (APN ou Conseil de la nation) doivent également bénéficier, précise l'article, d'une indemnité de responsabilité. «Le membre du Parlement reçoit une indemnité complémentaire mensuelle de représentation équivalent à 50% de l'indemnité principale», selon l'article 20, autrement dit le salaire d'un ministre qui est estimé à 50 millions de centimes. Mieux encore, les députés ne se contentent pas d'une augmentation de leurs salaires, ils veulent également bénéficier d'un passeport diplomatique au cours de leurs déplacements officiels avec la qualité de personnalité extrêmement importante. Dans le projet de loi, les députés proposent également de bénéficier d'un congé spécial à la fin de leur mandat au cours duquel ils vont garder toutes les indemnités qu'ils percevaient en tant que parlementaires. Le membre du Parlement est mis automatiquement en congé spécial après la fin de son mandat. Il bénéficie, au cours de ce congé, dont la durée ne doit pas dépasser un an, de la somme des indemnités d'un membre du Parlement», indique l'article 14 bis du projet. Le texte donne aussi la possibilité au parlementaire de choisir «au moins six mois avant la fin de son mandat» de «réintégrer son précédent poste d'emploi», de «renoncer à la réintégration» ou de «partir en retraite s'il remplit les conditions exigées». Concernant la retraite, le projet de loi stipule la prise en compte «des années d'activités dans les administrations publiques et dans les entreprises publiques ou privées (...)» dans le calcul de la pension. «Le membre du Parlement ayant fait un seul mandat, bénéficie du Fonds spécial de retraite des cadres supérieurs de l'Etat, à condition qu'il rembourse les années exigées légalement», indique l'article 14 bis 2. Avec ses privilèges, le député algérien sera sans doute le parlementaire le plus privilégié sur la planète. En France par exemple, le député ou le sénateur français n'ont droit qu'à un accès gratuit au réseau Sncf (1re classe), d'un quota de déplacements aériens, d'une allocation d'aide au retour à l'emploi pendant six mois et d'un prêt d'aide au logement. Les mêmes indemnités sont retrouvées dans les Parlements européens ou nord-américains. Il n'y a ni salaire équivalent à un ministre ni passeport diplomatique et encore moins une retraite valorisée. Vu la qualité médiocre des interventions politiques à l'Assemblée et en attendant que ce projet voit le jour ou qu'il soit remis sur la table de l'Assemblée, les députés nationaux doivent se pencher sérieusement sur le projet de la révision de la Constitution.