«L'Algérie, de manière générale, vit une situation de statu quo sinon de blocage à tous les niveaux notamment celui des droits humains qui ne peut être en marge». C'est ce qu'a indiqué hier le vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme, M.Saïd Salhi à l'ouverture de la 3ème édition du Forum des droits de l'homme à Béjaïa. «Au moment où le gouvernement a promis des réformes politiques pour améliorer la situation des libertés et des droits de l'homme dans notre pays, et ce à travers le changement de tout l'édifice juridique (lois) touchant à la vie politique, y compris la Constitution, nous avons eu droit à des lois répressives, scélérates et régressives, je cite, à ce titre, la loi sur les associations, le Code des médias, l'avant-projet du Code du travail, le Code électoral et les quelques aménagements opérés sur le Code pénal. Ajouté à cela le projet de révision constitutionnelle qui a été soumis en juillet dernier à la consultation avec la société civile et politique» a-t-il ajouté devant un parterre de journalistes et des militants des droits de l'homme. Dans la foulée, le vice-président de la Laddh citera: «Les différentes émeutes parfois violentes qui ont émaillé le territoire national au point de voir même la police défiler dans les rues d'Alger démontrent à plus d'un titre les carences en matière de protection des droits de l'homme.» L'Algérien d'aujourd'hui n'est pas rassuré. Les perspectives n'étant pas claires, le climat reste délétère. Les droits politiques et civils sont les premiers à recevoir les contrecoups. A force de vouloir étouffer la société on finit par provoquer l'irréparable, conclut-il sur ce chapitre. La Laddh célèbre chaque année la Journée mondiale des droits de l'homme qui coïncide au 10 décembre date anniversaire de l'adoption de la Dudh par l'Assemblée générale de l'ONU, «cette date anniversaire constitue un moment fort et un rendez-vous important de la Laddh et de la société civile pour capter l'intérêt de l'opinion publique mais aussi des autorités sur la situation des droits de l'homme dans notre pays», souligne-t-il en abordant le rendez-vous, ouvert hier et qui se poursuivra jusqu'au 10 du mois en cours avec une participation nationale, régionale et internationale importante. Un rendez-vous qui se veut une manière de faire une sorte de rétrospective et ouvrir le débat sur les grands défis et chantiers en phase pour l'amélioration des droits de l'homme. La 3e édition du Forum des droits de l'homme est «une opportunité de relancer le débat sur les défis mais aussi d'interpeller ce qui détient la hauteur sur la nécessité de prendre au sérieux la demande citoyenne sur le plan socio-économique et politique», a indiqué pour sa part Hocine Boumedjane, président du centre de la documentation et d'information des droits de l'homme de Béjaïa (Cddh). Il y a lieu de remettre ce pays sur les rails et de lui donner des bases solides et sûres pour un fonctionnement réel, démocratique et serein. Cela ne peut se réaliser que par une réelle refondation de la Constitution et non de simples révisions ou réaménagement de circonstance. Il faut en finir avec les solutions de replâtrage. Durant quatre jours, les droits de l'homme et les perspectives d'amélioration de la situation seront au menu au niveau des résidences universitaires et pour le dernier jour, à la Maison de la culture de Béjaïa, si toutefois, la rencontre sera autorisée. La crainte existe mais les animateurs de la Ligue se disent confiants sachant que l'année dernière une autorisation leur avait été octroyée. La Laddh de Béjaïa a invité par ailleurs, la Cisp, une ONG italienne partenaire avec la Laddh depuis 2006, de Amnesty International, de la Ladh, des syndicats CLA, Ugta, Cnapest, Snapap, Association des journalistes et les associations estudiantines RAJ, AAI, Itran..., toutes ces associations ont été déjà impliquées dans la célébration des éditions précédentes.