Le chanteur n'a cessé de décliner un répertoire rose bonbon aux couleurs de l'amour, au grand bonheur de ses admirateurs. Grande ceinture de sécurité, des guirlandes éclairant tout le théâtre, le public algérois, mais aussi des émigrés sont venus en grand nombre pour écouter chanter leur idole égyptien, Mustapha Kamar. On s'impatiente derrière les gradins. Rayane, l'animateur de télé, tente de calmer la foule. Jeudi soir, le Théâtre de verdure abritait son avant-dernière soirée, placée sous le générique Layali El-Bahdja. Après Katchou et Zakia Mohamed, qui, chacun dans son style, l'un chaoui, l'autre variété algéro-égyptienne, feront une prestation remarquable en attendant le chanteur de charme et pour que s'enflamme de plus belle, la scène du Théâtre de verdure. A 23 heures, il règne une ambiance festive incroyable à l'intérieur de l'«arène». Lorsque Zakia Mohamed clôt son tour de chant, c'est de nouveau l'effervescence parmi la foule. On réorganise la scène et on accorde les instruments. Mustapha Kamar crée la surprise en venant par les escaliers du haut du théâtre, une armada de gardes du corps derrière lui. Mustapha plaide pour la chaleur de la proximité. Le public, principalement la gent féminine, est aux anges. «Vous êtes prêts? Je vais vous interpréter les anciens et les nouveaux titres. Choisissez ce qu'il vous plaît!», leur clame le chanteur. Le public lui rétorque: Boss chouf, Amar bi ya emel ih.... Un bouquet de fleurs lui est remis par deux adorables enfants vêtus d'habits traditionnels. Mustapha Kamar n'hésite pas à descendre de scène et venir chanter près du public. Fleur bleue, un rien sentimental, ses textes sentent l'amour et la romance. Du romantisme dans l'air. De Ya Mustapha ya Mustapha, ana bahibek ya Mustapha, en passant par Aswad Ouyounou à Khalina ya habibi, sur un tempo latino, le public debout n'a de cesse de fredonner les morceaux en se balançant sous le rythme de la musique orientale. Tantôt très entraînante, tantôt très languissante. Flash-back souvenir, Mustapha Kamar revient un peu en arrière et interprète Ya Habibi ya skandarani. Les enfants qui viennent embrasser le chanteur, irritent vraisemblablement les agents de sécurité. Lorsqu'il s'agit d'un jeune qui court pour aller à la rencontre du chanteur, cela s'emballe et dégénère. Alors que Mustapha Kamar n'a rien vu de la première scène et continue à encenser le public de tendresse et de miel, l'accroc qui va suivre tourne à l'émeute. Il faudra plusieurs bras pour maîtriser ce jeune homme. Au vu de ce qui se passe en bas de la scène, Mustapha marque un petit revirement, recule de quelques pas et exhorte à un peu plus de «calme». L'incident est vite clos, on éteint les lumières de ce côté-ci du public et la fête continue de plus belle jusqu'à Ana mouch hansek, le titre-phare de Mustapha Kamar, célèbre aussi par son clip qui passe souvent à la télé. Mustapha Kamar quitte la scène vers 1 heure du matin après avoir mené ses admirateurs jusqu'au bout de la transe. Synthé, basse et derbouka battants... Cette nuit estivale était chaude et belle. Généreusement belle. N'était cet incident...