Prestation n Délaissant son propre répertoire dont elle n'a interprété que deux à trois chansons, elle a fait des reprises de bon nombre des grandes chansons du patrimoine algérien et même tunisien sans omettre le genre oriental. Fella Ababsa, qui a donné son premier gala à Constantine, jeudi soir au théâtre de verdure de la ville, a séduit le public tout en laissant une impression mitigée chez quelques connaisseurs. La chanteuse a, en effet, et à plusieurs reprises, frôlé l'embrasement de l'auditoire mais n'a pas su se donner le temps de l'atteindre vraiment à force de vouloir chanter tous les genres en même temps et dans une même soirée. Telle une abeille, Fella a voulu butiner toutes les fleurs de l'immense et riche champ de la chanson algérienne et arabe et montrer sa grande connaissance de ce répertoire et sa capacité de s'y mouvoir comme un poisson dans l'eau. Elle y est admirablement parvenue mais la trop grande diversité des genres a dilué quelques peu l'impact du gala. Délaissant son propre répertoire duquel elle n'a interprété que deux à trois chansons, elle a fait des reprises de bon nombre des grandes chansons du patrimoine algérien et même tunisien sans omettre le genre oriental. Passant sans transition, avec une fluidité toute naturelle et avec brio et d'un genre à l'autre, elle a repris et de manière sublime bon nombre de chansons du patrimoine chaoui, constantinois, algérois, sahraoui et même tunisien auxquelles elle a fait atteindre des cimes rarement égalées. Mais à chaque fois que le public commence à s'emballer, la chanteuse change de «direction» pour l'emmener sur un autre registre ne ménageant aucun effort pour tenter de satisfaire tous les goûts. Cette généreuse intention n'a pas toujours abouti à l'effet escompté et a plutôt conduit à une sorte de surcharge et dissipation de l'attention. «Foulla» a même interprété avec une maîtrise que peu de chanteurs peuvent atteindre, la célèbre chanson Inta oumri de Oum keltoum, mais les conditions du théâtre de verdure étaient loin d'être propices à une bonne écoute de ce genre de «Tarab». Le public constitué à majorité de familles comptait une présence forte, et bruyante d'enfants qui se tortillaient et se remuaient dans tous les sens ne se privant pas de monter sur scène alors que l'artiste était en pleine concentration. De nombreux membres du public ont d'ailleurs critiqué un tel relâchement de la part des organisateurs qui sont pourtant eux même des artistes qui connaissent bien les règles et les exigences d'un bon spectacle.