Où est la Casbah d'antan? En plus du canon «Baba Merzouk», 374 pièces historiques sont à récupérer. Les efforts de deux associations du mouvement associatif militant pour la sauvegarde de la Casbah d'Alger, en l'occurrence la Fondation Casbah et l'Association des amis d'Alger «Sauvons la Casbah» furent couronnés de succès en obtenant le 11 décembre 1992, à Santa Fé (Etats-Unis), le classement de cette cité mémoriale dans le patrimoine mondial des sites classés par l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture). Le travail effectué par ces deux associations, aussi bien à Santa Fé qu'à Tunis, fut très méritoire au vu des difficultés face aux dires négatifs d'un membre influent de l'organisme international non gouvernemental (Icomos) qui se consacre à la conservation et à la protection des monuments, des ensembles et des sites du patrimoine culturel. Peu de choses ont été réalisées dans cette tâche depuis, hormis le lancement par l'Algérie des opérations de réhabilitation engagées en 1998, le concours d'idées nationales et internationales sur la restauration de l'îlot Sidi Ramdane après sa dé-densification, opération qui concernait le relogement de 498 familles près d'Alger grâce en partie au Fonds saoudien pour le développement (FSD), et l'îlot Souk El Djemâa (250 familles), opération sans suite hélas, tout comme d'autres espaces inscrits dans cette stratégie qui demandait la construction d'au moins 3000 logements sur quatre ans, centres de transit compris. Suite à des sorties d'inspection et de recensement sur le terrain, la Fondation Casbah, présidée par Belkacem Babaci, a constaté que le plan permanent de sauvegarde de la Casbah a fait ressortir que 331 bâtisses de type traditionnel au niveau de la haute Casbah et 147 au niveau de la basse Casbah, 505 de typologie coloniale, 83 de type mixte et 36 constructions post-coloniales. A la fin du deuxième millénaire, la population de la Casbah aurait pu être réduite entre 40.000 et 36.000 habitants seulement. Aujourd'hui, l'Office national de gestion des biens culturels (Ogebec) travaille sur la mise en place d'une première étape nommée «Plan d'attaque». Celle-ci concerne environ 300 parcelles, chiffres provisoires, comprenant la restauration des mosquées, palais et maisons qui ont abrité des faits historiques comme l'hébergement de feu Mohamed Boudiaf, les conférences des ouléma... Dans ce même sillage, 155 bâtisses, dont 116 sont de typologie traditionnelle et 39 de type colonial et mixte ainsi que la reconstruction d'environ 128 ruines et 57 parcelles vides provisoirement sont concernées. Il est cependant triste et alarmant qu'après les opérations de sauvegarde et de réhabilitation des «douerettes» évacuées, un phénomène de «squatt» a proliféré dans cette vieille cité qui abrite actuellement 62.000 habitants soit 22.000 de plus constitués d'indus occupants. L'arrivée de Abdelkader Zoukh aux commandes de la wilaya d'Alger a témoigné d'opérations «courageuses» qui ont été engagées, surtout en matière de dé-densification et d'un traitement «inflexible» en direction des indus occupants. Babaci a regretté l'apparition d'une «mafia» du relogement qui «installe des serrures aux bâtisses évacuées en revendant à des prix exorbitants les clés à des occupants dans l'espoir qu'ils soient inscrits dans un programme de relogement. Il est utile de signaler qu'en plus du fameux canon «Baba Merzouk», 374 pièces historiques exposées au musée Franchet d'Esperey» restent à récupérer, tout comme d'innombrables caftans et tajs des deys du Titteri et de Constantine, notamment. L'appel adressé au président de la République, Abdelaziz Boutefklika, à l'occasion de la célébration de la journée de la Casbah, le 23 février 2013 pour intervenir en direction de cette cité plusieurs fois centenaire a été «entendu» affirme la Fondation Casbah qui s'auto - satisfait de l'initiative «historique prise par le Premier ministre en direction de la capitale et son noyau historique. Les espoirs sont permis pour sauver la Casbah, «capitale historique» de l'Algérie.