Belkacem Babaci a animé, hier, une conférence de presse au siège de la fondation, à l'occasion de l'anniversaire du classement de La Casbah d'Alger au patrimoine mondial par l'Unesco. A l'occasion de l'anniversaire du classement de La Casbah d'Alger au patrimoine mondial de l'Unesco, Belkacem Babaci, président de la Fondation Casbah, a animé hier une conférence de presse au siège de la Fondation. «Depuis, peu de choses ont été faites ou pas assez au regard des recommandations du cahier des charges Unesco/Icomos, mis à part le lancement des opérations de réhabilitation engagées en 1998 par le gouvernorat d'Alger». Dans ce cadre, il nous a déclaré en marge de cette rencontre que «le nouveau wali, Zoukh Abdelkader, a accompli un travail fantastique, il a su prendre en charge de manière énergique les indus occupants. Le grand malheur de La Casbah, ce sont les squatteurs, c'est un peu le phénomène des ‘tonneaux des Danaïdes', c'est-à-dire on vide des douerette et on reloge les habitants ailleurs et dans les deux jours qui suivent, il y a des personnes qui cassent et occupent les lieux, ça fait un renouvellement constant de population». Même si toutes les bâtisses évacuées sont murées, les gens cassent et entrent dedans. Babaci nous confie qu'il y a «une mafia qui s'est installée. Certains démontent les murs et mettent une porte font des clés et vendent à 20 ou 30 millions la chambre. C'est un commerce qui s'est installé». Ainsi, face à cette situation, le wali d'Alger a pris des mesures énergiques, c'est-à-dire qu'il a décidé d'être intransigeant avec les indus occupants. Dernièrement, il y a eu une opération d'expulsion. «Il fallait une main de fer : très souvent, il y a une certaine pitié. Les gens présentent une situation telle que les autorités reculent et on s'est aperçu que, finalement, beaucoup de gens ont un pied-à-terre quelque part, mais venir à La Casbah, c'est la certitude d'être logé.» La démarche actuelle consiste à mettre un terme à cette consommation continuelle de logements qui perturbe les travaux de restauration des bâtisses. L'Office national de gestion et d'exploitation des biens culturels protégés (OGEBC) n'arrive plus à effectuer sa mission pour la simple raison que lorsqu'on envoie des techniciens faire le diagnostic de la bâtisse en vue de sa restauration, ils sont renvoyés de peur de ne pas être relogés. «Heureusement que 30% d'habitants sont attachés à leurs maison, ils sont pétris de la tradition ancestrale de la vie à La Casbah», déclare-il. Autre phénomène constaté : beaucoup de jeunes enlèvent les madriers utilisés pour le confortement des bâtisses pour éviter qu'elles ne s'écroulent par l'agression du temps pour les revendre ou accélérer leur relogement. La Casbah a consommé 10 000 logements depuis l'indépendance. En fait, depuis 1962, chaque wali a pris en charge une opération de relogement, les bâtisses murées et vidées sont réoccupées le lendemain et cela augmente le nombre de la population. Cherif Rahmani, l'ancien gouverneur, avait commencé à prendre sérieusement ce dossier en charge ; «si on l'avait laissé continuer, La Casbah aurait été sauvée pour la simple raison qu'il fallait dédensitifier. On a réussi à réduire les habitants, en 1997/98, à 40 000 et on devait continuer alors qu'il y en avait 54 000. Malheureusement, Nourani a abandonné le projet, ce qui a permis le re-squat, malgré les gardiens du patrimoine qu'on a installé et à l'heure actuelle, il y a 62 000 habitants, une augmentation de 22 000 en quelque année», ajoute notre interlocuteur. «Si on ramène une population à un taux, il ne faut plus qu'elle augmente sans raison, on peut admettre une famille nucléaire. Beaucoup revendent le logement qui leur a été donné», conclut-il.