Le futur siège d'Air Algérie Après l'affaire du siège d'Air Algérie, K'AIR BV est le deuxième contrat signé par Wahid Bouabdallah qui met en difficulté l'actuel patron d'Air Algérie Mohamed Salah Boultif. La saisie de l'avion d'Air Algérie à Bruxelles a pris des proportions d'une affaire d'Etat. Dès la médiatisation de l'affaire, le ministère des Affaires étrangères a décidé de rappeler ses ambassadeurs en Belgique et aux Pays-Bas pour «consultations». Cette décision fait suite à la mesure prise de retenir et d'interdire de vol, à l'aéroport de Bruxelles, d'un avion d'Air Algérie alors que toutes les voies de recours auprès des instances judiciaires compétentes n'ont pas été épuisées. L'appareil a été retenu sur décision de la justice belge suite à un litige opposant la compagnie aérienne nationale à la société néerlandaise K'AIR BV. Le litige concerne un contrat de vente d'appareils réformés signé en 2008, selon Air Algérie. K'AIR BV n'a pas mis en place le financement comme prévu, «en dépit des facilités» qui lui ont été accordées, et après une mise en demeure pour faute d'exécution, la compagnie algérienne a procédé fin 2009 à la résiliation du contrat, avait précisé samedi Air Algérie dans un communiqué. La société néerlandaise a toutefois engagé en 2011 une procédure d'arbitrage auprès de la Cour internationale d'arbitrage, qui a rendu le 31 mars un jugement condamnant Air Algérie. En mai, la compagnie algérienne a engagé un recours en annulation. En dépit de cette procédure, K'AIR BV a fait procéder à la saisie de l'appareil vendredi à Bruxelles. Ce n'est cependant pas la première fois qu'Air Algérie se retrouve impliquée dans une affaire de résiliation de contrat avec une entreprise étrangère. En juin 2014, Air Algérie faisait déjà l'objet d'une procédure d'arbitrage international par le groupe canadien SM. Ce dernier réclamait 120 millions de dollars, après qu'Air Algérie ait résilié unilatéralement le contrat de réalisation du siège social d'Air Algérie à Bab Ezzouar. L'histoire remonte au 10 février 2007 quand Air Algérie décida de s'offrir un nouveau siège digne des grandes compagnies aériennes et qu'elle a conclu un accord avec Khatib et Allami, un bureau d'études libanais. Le coût prévisionnel de ce nouveau siège était de 3,4 milliards de DA. Après plusieurs appels d'offres infructueux, le projet a été attribué à une société canadienne, SMI, pour un montant de 83 millions d'euros, soit le budget annuel alloué à une wilaya. Le chantier devait démarrer en juin 2011, mais peu après la signature de ce contrat avec la société canadienne, Air Algérie change de direction. L'ancien P-DG, Wahid Bouabdellah, est remplacé par M.Boultif. Ce dernier remet en cause le contrat en raison de plusieurs anomalies: absence de plans, permis de construire caduc, inexistence de système de désenfumage, modifications des plans, etc. A cela s'ajoute le plan du siège social d'Air Algérie qui ressemble étrangement à celui d'un hôtel à Dubaï, avec des cuisines immenses. Très vite le projet est bloqué. S'installe alors une crise entre le constructeur canadien et l'entreprise publique algérienne. Ainsi, après l'affaire du siège d'Air Algérie, l'affaire K'AIR BV est le deuxième contrat signé par Wahid Bouabdallah qui met en difficulté l'actuel patron d'Air Algérie Mohamed Salah Boultif. Dans une interview donnée à TSA, l'ex P-DG d'Air Algérie Wahid Bouabdallah, s'exprime pour la première fois sur les scandales qui touchent la compagnie aérienne nationale et confirme son implication dans la signature du contrat avec K'AIR BV, mais accuse la compagnie néerlandaise de ne pas avoir respecté le contrat. En revanche, Wahid Bouabdallah rejette la balle à Boultif l'accusant d'avoir dissous la commission qui était chargée du suivi du dossier. Cette «attaque» de Bouabdallah confirme l'existence d'un conflit entre l'ancien patron d'Air Algérie et son successeur. Mais contrairement à Bouabdallah, Mohamed Salah Boultif n'a jamais communiqué pour critiquer la gestion de son prédécesseur et a dû gérer les dossiers parfois litigieux de l'ex-patron de la compagnie nationale. Pis encore, le patron de K'AIR BV, qui se trouve être un Algérien, Hamid Kerboua est intervenu encore sur TSA pour justifier sa décision et réclamer la caution de 2 millions de dollars que sa compagnie a déposé pour entamer le contrat. Aujourd'hui, les choses sont claires, M.Boultif est victime d'une cabale qui ne dit pas son nom, pour le faire éjecter de son poste de président-directeur général d'une entreprise aérienne nationale solide. Conscient de ces dossiers lourds, l'Etat doit faire face à la dure réalité du marché international. Air Algérie doit trouver une solution juridique ou financière à ces arbitrages internationaux qui lui sont souvent défavorables. C'est d'ailleurs le résultat d'une gestion souvent chaotique et d'une absence totale d'experts juridiques internationaux qui peuvent récupérer les droits des entreprises algériennes à l'étranger. En attendant de voir l'issue de cette nouvelle affaire qui secoue le siège de Air Algérie à Audin, on attend la réaction du ministre des Transports, Amar Ghoul, sur cette affaire.