Stevan Labudovic, militant de la cause de Libération algérienne, photographe et cameraman serbe honoré Côté documentaire, le jury a décerné le Grand Prix à Examen d'Etat de Dieudo Hamadi, le qualifiant de «film audacieux de par la liberté de ton du sujet qu'il aborde sans concession sur son propre pays». C'est jeudi qu'a eu lieu à la salle El Mouggar la cérémonie de clôture de la 5e édition du Festival international du film d'Alger dédié au film engagé. Un festival dont Le jury du Fica a décidé d'emblée de le dédier à la consolidation des libertés d'expression et de création à «l'ère des intimidations» que subissent aujourd'hui certains artistes de par le monde, et précisément le chroniqueur et écrivain algérien Kamel Daoud, qui vient de subir après le réalisateur Lyes Salem une fewta appelant au meurtre. Rendant publique une déclaration commune, le jury représenté par Lam lee a tenu à exprimer son entière «solidarité avec le confrère Kamel Daoud et (son) engagement pour un monde basé sur l'altérité, la légalité, la liberté et le talent, pour que vivre et créer dans la joie, soient les signes d'une société moderne et progressiste.». Plusieurs hommages ont été rendus par ailleurs lors de cette cérémonie, avant de rendre compte du palmarès. Un vibrant hommage a été rendu par les organisateurs du 5e Festival international du cinéma d'Alger (Fica) dédié au film engagé, au photographe et cameraman serbe Stevan Labudovic, militant de la cause de Libération algérienne, qui a produit des films et des photographies dans le maquis. A cette occasion, le centre des archives Filmske Novosti a permis aux invités du festival de visionner un film de dix minutes filmé au coeur du maquis algérien. M.Stevan Labudovic a reçu un franc standing ovation en guise de remerciement pour son travail. Lui remettant son Prix d'honneur, le cinéaste Ahmed Rachedi a félicité l'homme qui n'a pas hésité à laisser tomber le président Tito, alors qu'il en était le photographe officiel, pour venir rendre compte de ce qui se passait en Algérie durant la guerre de Libération. Cette distinction intervient, a-t-on précisé à l'occasion de la célébration du 6e anniversaire du déclenchement du 1er Novembre. le Fica a également rendu hommage à Abderezzak Hellal, acteur, réalisateur et écrivain disparu en juin dernier et dont Zehira Yahi a qualifié de «perte terrible», mais aussi et au cinéaste algéro-suédois Malik Bendjelloul, réalisateur du très beau documentaire Sugar man, qui lui avait valu l'Oscar du meilleur film documentaire, disparu en mai 2014. «Une disparition prématurée hélas. Mais nous tenions justement à témoigner ses fans, amis et familles de notre reconnaissance, de notre non-oubli, de la culture de la mémoire, ce qui est important dans l'engagement» a tenu à souligner la commissaire du Fica. Les organisateurs ont également tenu à rendre un hommage particulier au documentariste Malik Aït Aoudia, réalisateur de Le martyre des sept moines de Tibhirine, primé au 4e Fica, qui continue son combat aujourd'hui contre la maladie...Remettant enfin les prix, et commençant d'abord par la catégorie documentaires, le Prix du public est revenu à Mercedes Sosa, la voix de l'Amérique latine de Rodrigo H. Vila. Le jury a décidé d'attribuer une Mention spéciale à H'na Barra de Bahia Bencheikh-El Fegoun et Meriem Achour Bouakkaz. Prenant la parole Bahia Bencheikh-El Fegoun a tenu à dire que ce film «se veut d'abord une parole d'une vérité. On l'a fait dans l'espoir d'une meilleure relation homme/ femme dans notre société». Le Prix spécial du jury est revenu quant à lui à Concerning violence de Göran Hugo Olsson, qualifié de «film fort qui nous met en garde contre les démons de notre passé commun». Enfin Le Grand Prix a été décerné à Examen d'Etat de Dieudo Hamadi, jugé de «film audacieux de par la liberté de ton du sujet qu'il aborde sans concession sur son propre pays». Côté friction, le Prix du public a été remis à Comme le vent de Marco Simon Puccioni. Deux mentions spéciales ont été introduites et données à l'adresse de les Soeurs Quispe de Sebastian Sepulveda, puis, aux enfants espiègles qui, se sont démarqués dans le film Loubia Hamra de Narimane Mari. Le Prix Spécial du jury quant à lui a été attribué à La Femme du ferrailleur de Danis Tanovic. Enfin, le Grand Prix a distingué à l'unanimité le long-métrage canadien Gabrielle de Louise Archambault. Invitant le public à une nouvelle édition avec encore d'autres films de qualité, Mme Zehira Yahi, commissaire de ce festival, fera remarquer, dans son allocution de clôture:«On peut dire aujourd'hui que cette édition a tenu ses promesses. Elle en a même apporté de nouvelles en confirmant l'intérêt et la passion des professionnels ainsi que des publics pour le film engagé. Nous sommes convaincus que l'esthétique devient encore plus belle quand elle porte des éthiques...».