Plusieurs cinéastes comme Ahmed Rachedi, Hacene Kechache, Ahmed Benaissa, Lotfi Bouchouchi, Bachir Derais, Aziz Boukrouni étaient, jeudi soir, dans la salle. Le grand prix de la section long métrage a été attribué au film « Gabrielle » de la Canadienne Louise Archambault. Ce long métrage, d'une durée de 97 minutes, qui est dédié au désir d'autonomie des personnes handicapées au Canada, propose une immersion dans l'univers de jeunes membres d'un centre de formation aux métiers des arts pour personnes handicapées. Le Festival international du cinéma d'Alger ne se limite pas seulement à la projection de films, l'organisation de débats et de conférences, mais c'est aussi une halte rendue aux personnages qui ont marqué le paysage du 7e art. Avant l'annonce du palmarès du 5e Fica, l'assistance, qui s'est déplacée en grand nombre, a assisté à une série d'hommages rendus à Stevan Labudovic, photographe personnel du président Tito. Il fut un grand militant de la lutte de Libération nationale mobilisant sa caméra et son savoir-faire au service de la cause algérienne. Présent à cette cérémonie, Stevan Labudovic déclara en pleurs : « Je suis très heureux d'être parmi vous et partager ce moment ». Stevan Labudovic, qui a reçu la médaille du mérite national à l'occasion du cinquantième anniversaire du recouvrement de l'indépendance de l'Algérie, laisse aux archives algériennes 27 films et 274 photographies. Un court métrage de dix minutes, filmé au cœur du maquis algérien, a été projeté. Autre figure honorée à ce festival, Abderrezak Hellal, intellectuel de la caméra, érudit du cinéma, décédé le 22 juin 2014 à l'âge de 61 ans des suites d'une crise cardiaque. Il est acteur, réalisateur et écrivain. Le public retiendra indubitablement des chefs d'œuvre comme « Aïssa Djermouni » et « Messaoud Benzelmat ». Parmi ses livres, citons « 1830, Place de la Régence » et son excellent essai sur l'histoire du cinéma, « Le refus d'une mise en images ». Les cinéastes comme Hadj Rahim, Djamel Bendedouche, Ramdane Iftini étaient unanimes à le souligner : « Certes, Malik Bendjelloul et Abderrezak Hellal ne sont plus de ce monde, mais leurs noms resteront gravés à jamais dans la mémoire collective, grâce à leurs riches patrimoines cinématographique légués à la postérité, outre d'avoir formé et aidé une génération d'artistes émérites, qui se chargeront de prolonger l'œuvre des maîtres disparus. » Pensée particulière pour Malik Bendjelloul et Malik Aït Aoudia Durant cette même cérémonie de clôture du 5e Fica, une pensée a été dédiée à la mémoire de deux regrettés cinéastes, Malik Bendjelloul et Malik Aït Aoudia. Le premier, rappelle-t-on, a été découvert par le public algérien lors du 4e Fica à travers son magnifique film documentaire « Sugar man ». Avec ce film, ce réalisateur, de père algérien et de mère suédoise, a obtenu plusieurs consécrations dont l'Oscar du meilleur documentaire en 2013 et a connu un succès mondial. Le second a pris part au 4e Fica avec « Le martyre des sept moines de Tibhirine » qui a obtenu le prix du public dans la catégorie « Documentaires ». Des œuvres de qualité Interrogé sur le choix des œuvres, Djamel Bendedouche, président du jury des longs métrages, répond : « Je suis impressionné par la qualité d'inspiration des jeunes réalisateurs algériens et étrangers. Nous encourageons ces jeunes à créer davantage. Suite à la campagne hostile faite contre notre collègue et intellectuel Kamel Daoud, nous condamnons tout d'abord ce geste et nous tenons à exprimer, à l'unisson, notre solidarité avec nos camarades algériens et notre engagement pour l'altérité, l'égalité, l'humanité et la tolérance en vue de vivre et créer dans une société moderne et progressiste. » En dernier, Mme Zehira Yahi, commissaire de ce festival, conclut : « On peut dire aujourd'hui que cette édition a tenu ses promesses. Elle en a même apporté de nouvelles en confirmant l'intérêt et la passion des professionnels ainsi que du public pour le film engagé. Nous sommes convaincus que l'esthétique devient encore plus belle quand elle porte des éthiques. » Ces mêmes organisateurs ont appelé les générations montantes à prendre exemple sur ces figures emblématiques du monde cinématographique qui ont œuvré, dans l'ombre, au service de l'art, de la culture et de la patrie, faisant preuve d'une grande abnégation. Huit documentaires et huit fictions ont été en compétition pour cette 5e édition du Fica. Samira Sidhoum Palmarès : Section film documentaire Prix du public : « Mercedes Sosa, la voix de l'Amérique latine » de Rodrigo. H Vila Mention spéciale : Film « H'na Barra » de Bahia Bencheikh El Fagoun et Meriem Achour Bouakaz (Algérie) Prix spécial jury : « Concerning Violence » de Göran Hugo Olsson (Suède) Grand Prix documentaire : Film « Examen d'Etat » de Dieudo Hamadi (Congo) Section long métrage Prix public du long métrage :Film « Comme le vent » de Marco Simon Puccioni Première mention : « Les sœurs Quispe » de Sebastian Sepulveda (Chili) Deuxième mention : « Loubia Hamra » de Narimane Mari Benamar (Algérie) Grand prix du jury : Film « Gabrielle » de Louise Archambault.