Les rebelles sud-soudanais, qui affrontent l'armée depuis un an, ont tué et commis des atrocités lors d'une offensive le 29 octobre contre la localité septentrionale de Bentiu, a dénoncé l'ONU dans un rapport publié hier par des médias. Les troupes de l'ancien vice-président Riek Machar ont notamment «tué au moins 11 civils» et «enlevé et violé des habitantes» de Bentiu, capitale de l'Etat d'Unité, quand l'armée s'en est partiellement retirée dans l'après-midi du 29 octobre, a affirmé la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) dans ce texte. Le conflit au Soudan du Sud est né le 15 décembre 2013 de la rivalité à la tête du régime entre le président Salva Kiir et Riek Machar, qui a exacerbé les antagonismes entre les deux principaux peuples du jeune pays, les Dinka et les Nuer, dont ils sont respectivement issus. A travers le pays, les forces des deux camps ont commis de nombreux massacres et atrocités contre les civils sur des bases ethniques. L'Etat pétrolier d'Unité est l'un des principaux champs de bataille du conflit et Bentiu a changé plusieurs fois de mains. Après avoir pris brièvement la ville en avril, les forces pro-Machar ont, selon l'ONU, tué plusieurs centaines de civils, traqués et exécutés jusque dans les mosquées, les églises et les hôpitaux. Bentiu est quasiment déserte depuis plusieurs mois et près de 44.000 personnes s'entassent dans des conditions terribles dans la base de l'ONU pour échapper aux violences. «La division droits de l'Homme de la Mission a recensé 14 noms de femmes présumées kidnappées par les forces de l'opposition durant les cinq heures pendant lesquelles ils ont occupé Bentiu. Selon plusieurs témoins, deux femmes et un bébé de six mois ont été tuées dans leurs maison», a expliqué la Minuss dans ce nouveau rapport. «De telles violations flagrantes ne sont que trop communes dans l'actuel conflit et impliquent toutes les parties», poursuit la Minuss dans son rapport, précisant que les atrocités commises par les forces rebelles à Bentiu «pourraient s'apparenter à des crimes de guerre». Les combats se poursuivent au Soudan du Sud malgré la signature de plusieurs cessez-le-feu, jamais respectés. Aucun bilan officiel n'est disponibles mais selon des estimations, 50.000 personnes ont été tuées depuis un an et près de deux millions d'autres ont été chassées de chez elles.