Le Sud-Soudan, jeune Etat africain n'est pas près de vivre le rêve de paix longtemps caressé. Au bout d'un an de guerre communautaire entre les Dinka et les Nuer du président Salva Kiir et de son rival Riek Machar, l'espoir d'un cessez -le-feu, signé à 5 reprises mais jamais respecté par les belligérants, s'évapore pour révéler la face hideuse d'un drame humanitaire indescriptible. Le bilan est alarmant : entre 50.000 morts (selon l'ONG International Crisis Group) et 100.000 morts, 2 millions de personnes déplacées (1,4 million à l'intérieur et 500.000 dans les pays voisins), et une crise alimentaire redoutée par la communautaire internationale menaçant, selon l'ONG Oxfam, 2,5 millions de personnes. A moins d'un accord de paix définitif, le HCR (Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés) est catégorique. La situation des réfugiés sud-soudanais dans les pays voisins qui pourraient s'élever à 821.000 en 2015, impose une aide d'urgence de 810 millions de dollars pour « sauver des vies et chercher des solutions durables à long terme pour les réfugiés ». Juba n'est pas à la fête. En ce triste anniversaire de la guerre civile, des données collectées par un groupe de bénévoles auprès un groupe des familles des victimes illustrent, selon Anieth d'Awol, fondatrice du Naming Those We Lost project (Nommons ceux que nous avons perdus) « l'impact humain dévastateur de cette année de guerre civile au Sud Soudan ». Trois ans après l'accès à l'indépendance, le Sud Soudan sombre dans le chaos. Depuis le déclenchement du conflit, le 15 décembre 2013, les deux camps ont commis de nombreux massacres contre les civils, en dépit d'importants efforts déployés pour promouvoir un règlement négocié. Cette situation tragique se fait notamment sentir dans l'Etat pétrolier de Bentiu, passant plusieurs fois de mains et quasiment désert depuis plusieurs mois. Dans un rapport publié, hier, par les médias, la Mission de l'ONU au Soudan du Sud (Minuss) a dénoncé « des atrocités commises par les forces rebelles à Bentiu qui pourraient s'apparenter à des crimes de guerre ». La division droits de l'Homme de la Minuss a recensé 14 noms de femmes présumées kidnappées et des centaines de civils traqués et exécutés jusque dans les mosquées, les églises et les hôpitaux par les forces de l'opposition durant les cinq heures pendant lesquelles ils ont occupé la localité Bentiu maintenant réduite à une vaste NUnu dans laquelle prés de 44.000 personnes s'entassent dans des conditions inhumaines. Juba se meurt dans l'indifférence de la communauté internationale pointée du doigt par la famille des humanitaires.