Les statistiques émanant du COI donnent l'Algérie parmi les pays consommateurs et non exportateurs. Alors que la production mondiale en olives, essentiellement de l'Europe du Sud, enregistre des records inquiétants en baisse, l'Itaf annonce le contraire pour notre pays. Malgré ces conditions favorables, l'Algérie ne pourra, hélas, guère profiter pour imposer son produit sur les marchés mondiaux d'huile d'olive. C'est la Tunisie qui est attendue sur les places internationales de la filière. Pourquoi? En effet, cette année, la production européenne qui produit 73% de la production mondiale s'écroule à cause de conditions météorologiques défavorables. Les spécialistes de la filière affirment que le printemps sec et l'été humide, en Europe du Sud essentiellement ont favorisé l'émergence de la mouche de l'olive qui a décimé les récoltes. Ainsi, selon les chiffres, le premier producteur mondial d'olive, l'Espagne qui produit 41% avec 1,7 million de tonnes d'olive verra sa production chuter de 50%. La Grèce qui produit, quant à elle, 12,1% enregistrera une baisse de 57%. La France avec seulement 0,2% perd 80% de sa production. Aussi, les prix de ce produit ont doublé sur les marchés mondiaux. De 3 euros en 2013, le kilo d'olive est passé à six. Faute de capacité de commercialisation, l'Algérie, contrairement à son voisin la Tunisie, ne pourra par conséquent pas profiter de l'effondrement de la production européenne. Les statistiques émanant du COI (Conseil Oléicole International) donnent l'Algérie parmi les pays consommateurs et non exportateurs. Elle produit 1,7% du volume global d'huile d'olive dans le monde. Les chiffres optimistes avancés cette année par l'Itaf montrent que malgré la hausse de la production nationale contrairement au reste du monde, l'huile d'olive et l'olive algériennes ne pourront pas concurrencer les produits de pays anciennement introduits sur les places mondiales comme la Tunisie. A titre comparatif, l'Algérie table cette année sur une production se situant entre 60.000 et 70.000 tonnes d'olives en précisant que le chiffre est en hausse par rapport à 2013. La même année 2013, les producteurs tunisiens ont récolté le même volume que l'Algérie en 2014. Cette année, selon les attentes, la production tunisienne va quadrupler pour atteindre 280.000 tonnes. Un chiffre qui écrase l'optimisme du côté algérien. Toutefois, il convient de signaler que pour la Tunisie, le secteur est considéré comme stratégique car, à elle seule, l'huile d'olive représente 40% des exportations de produits agricoles et 10% du volume global des exportations tunisiennes. En Algérie, le même produit ne représente rien du volume des exportations qui reposent essentiellement sur les hydrocarbures. Mal préparée à l'exportation, même l'huile d'olive produite localement n'arrive pas encore à intégrer les circuits commerciaux internationaux. Des initiatives louables de certains producteurs sont signalées ça et là mais elles sont insuffisantes pour s'imposer sur les places internationales. Les producteurs nationaux n'arrivent généralement pas encore à maîtriser les standards internationaux de commercialisation. Ces derniers exigent des taux d'acidité situés rigoureusement à un maximum de 1% d'acidité pour être commercialisé. L'huile d'olive algérienne est, pour l'instant, à quelques exceptions près, loin de rivaliser avec des démarcheurs grecs très agressifs. Ils présentent une huile à 0% d'acidité riche en aromes et de qualité supérieure à celle des autres produits des autres pays de la Méditerranée. Toutefois, malgré ce retard à intégrer les marchés et à profiter des opportunités comme celle qui se présente cette année, il y a des signes qui incitent à l'espoir. Dans son rapport, l'Itaf évoque une extension et un développement sensible de la production d'olive dans le sud du pays. Certains spécialistes notent avec optimisme que la filière pourra ainsi être maîtrisée contrairement au Nord, en Kabylie essentiellement, où les producteur n'arrivent pas à assimiler les normes internationales et continuent à utiliser les méthodes traditionnelles de récolte. Enfin, il est à noter que dans cet univers fait de concurrence féroce, l'huile d'olive de Kabylie pourrait pâtir et perdre de sa notoriété. Il s'agit pour les producteurs locaux de s'adapter ou de disparaître. La gamme des choix n'est pas vraiment très riche.