« La récolte de cette année sera de loin meilleure par rapport à celle de l'année dernière. Nous tablons sur une production de 60.000 à 70.000 tonnes d'huile, soit l'équivalent de 3,5 millions de tonnes d'olives à l'huile », affirme Mohamed Mendil, directeur général de l'institut technique de l'arboriculture fruitière et de la vigne (ITAF). A titre comparatif, la récolte de 2013 a été de l'ordre de 50.000 tonnes d'huile d'olive. Cette tendance haussière coïncide avec la chute de la production au niveau mondial. Le programme de développement de la filière lancé il y a quelques années, qui porte à orienter les plantations des oliviers en dehors des zones montagneuses vers les steppes, les hauts plateaux et même le sud du pays, a donné ses fruits. « 90% des nouvelles plantations se font en dehors des zones traditionnelles où la production vient en alternance à savoir année par année », signale Mendil. Ce qui a permis, selon lui, d'avoir une régularité de la production et une qualité en amélioration permanente. Pour ce qui est de la superficie cultivée, le DG de l'ITAF indique que celle-ci est passée de 165.000 hectares à 400.000 ha entre 1999 à 2014. Selon un exposé présenté en marge du salon Agro-expo tenue en novembre dernier au Palais des expositions sous le thème « l'oléiculture algérienne, entre inquiétude et espérance », la filière oléicole se développe dans le sud du pays où la superficie dépasse les 7.000 ha. En termes de production, les wilayas de Jijel, Boumerdès et Bouira sont en course pour le podium 2014 alors que les wilays de Tizi Ouzou et Bejaia reculent à cause d'un volume jugé « moyen ». A noter que la période de la récolte dure 100 jours. Dans les zones traditionelles, elle commence au mois de novembre et peut s'étaler jusqu'au mois de mars pour les retardataires, alors que dans le sud, elle commence au mois d'octobre. « Décembre est le mois durant lequel il y a un pic dans l'activité de collecte », précise le DG de l'ITAF. Côté qualité, l'Algérie produit trois types d'huile : l'extra vierge dont la teneur en acidité est inférieure à 0,8%, l'huile vierge (entre 0,8 et 3,3%) et l'huile vierge impropre à la consommation (+ de 3,3%). « Cette dernière nécessite d'être raffinée pour être consommée », précise le même responsable. Mais le raffinage est quasi inexistant en Algérie du fait de son coût. « Les oléiculteurs doivent s'organiser en coopératives pour développer le segment du raffinage pour partager les coûts qui sont loin d'être insignifiants », suggère Mendil. Sur une moyenne de production de 50.000 tonnes par an, on enregistre 15 000 tonnes d'huile extra vierge et 20 000 tonnes d'huile vierge. La production d'huile extra vierge est en augmentation. « Elle est passée de 20 à 30% de la production globale », précise le DG de l'ITAF. N'empêche, l'huile vendue au niveau des huileries est de bonne qualité. Quant à celle proposée sur les routes, « à vos risques et périls ! ». Des prix inchangés Si l'on se réfère au principe de l'offre et de la demande, les prix de l'huile d'olive devraient connaître une baisse cette année dans la mesure où la production est en hausse, observe Mendil. Mais chez les détaillants les prix n'ont pas bougé par rapport à 2013. Un litre d'huile d'olive vaut 700 DA. Il faut savoir qu'avant lancement de la récolte vers les mois de septembre et octobre, le stock de sécurité, alimenté à hauteur de 10% de la production globale, soit entre 4 000 et 5 000 tonnes, est commercialisé. « Nous ne gardons pas les stocks plus d'une année », affirme le DG de l'ITAF qui déplore les conditions de stockage « malgré les soutiens de l'Etat pour l'acquisition des cuves en inox ». L'Etat octroi une subvention de 30% par rapport au coût de la cuve et a plafonné l'aide octroyée aux huileries à 4 millions de dinars. Reconstruction de la filière au mois de janvier Selon Mendil, le sort de la filière oléicole est tributaire non seulement de la dynamique du marché mais également de l'organisation des producteurs. Il préconise l'installation d'un conseil interprofessionnel ou la création de coopératives et même de groupements d'intérêt commun. Le directeur annonce qu'une rencontre est programmée pour le mois de janvier durant laquelle est prévue la mise en place d'un comité national de chimioléicule « pour développer le réseau de laboratoires d'analyses » et d'une cellule de veille sur la qualité. « Notre objectif est de développer les recherches pour l'amélioration de la qualité de l'huile d'olive et de l'olive de table », souligne-t-il.