Lors de la transition, les archives tunisiennes on été pillées et revendues... La tentative a été opérée au palais de Carthage où sont gardées les archives qui ont échappé à la razzia orchestrée depuis 2011 par les tenants de la Révolution du jasmin. Le président de la République sortant, Moncef Marzouki, a annoncé que la passation des pouvoirs de la présidence de la République devrait avoir lieu le mardi 30 décembre, indiquant son souhait de procéder à cette passation «dans les plus brefs délais» et sa décision de «ne faire aucun recours malgré toutes les raisons qui m'y poussent». Il semble bien que le candidat malheureux à l'élection présidentielle s'est résigné à céder le flambeau même si le fait d'avoir créé ces jours derniers un parti, le Mouvement du peuple citoyen (MPC), démontre sa volonté de peser sur le cours des événements et, qui sait, revenir à la charge dans un avenir plus ou moins proche. Les résultats officiels seront communiqués aujourd'hui même, ce qui ouvre effectivement la voie à la passation dès demain. Cette donne semble avoir donné des ailes à Moncef Marzouki et à son égérie Sihem Bensedrine, présidente de l'association Vérité et dignité, pour monter une opération digne des tontons macoutes. Qu'on en juge! En parfaite entente avec le président provisoire sortant dont elle est proche, elle préparait son coup d'éclat dès le lendemain de l'annonce des résultats du scrutin présidentiel. En toute illégalité, Sihem Bensedrine est passée à l'offensive, dans la nuit de vendredi à samedi, dans le but clairement affiché de faire main basse sur ce qui reste des archives de la présidence de la République. Dans quel but? Ou il s'agit d'effacer du champ officiel des documents compromettants qui couvrent la période «ante-révolutionnaire» 1957-2011 ou les protagonistes de cet acte sinistre comptent poursuivre le juteux marchandage de notes secrètes dont une bonne partie a déjà été vendue au Qatar et, accessoirement, à El Jazeera. De connivence avec le président provisoire sortant, Sihem Bensedrine s'est posée avec un convoi de six camions à l'entrée du palais de Carthage où sont gardées les archives qui ont échappé à la razzia orchestrée depuis 2011 par les tenants de la «révolution du Jasmin, réclamant l'accès pour un déménagement sine die de cette importante mémoire de la République tunisienne sans exhiber l'ombre d'une autorisation quelconque. C'est la prudence, et le refus catégorique, de la garde du palais qui a bloqué cette tentative inique qui revêt les oripeaux du grand banditisme. Comme indiqué plus haut, les archives en question concernent la période 1957-2011, et non pas ce qui reste des archives 2011-2014, majoritairement déjà disparues. A qui profite le crime? Les documents concernant les relations entre la Présidence et le Qatar, la Tunisie et les Etats-Unis, la Présidence et certaines ONG occidentales, les dossiers qui concernent les affaires Baghdadi Mahmoudi, Chokri Belaïd, Mohamed Brahmi, les jihadistes envoyés en Syrie, les biens saisis des familles Ben Ali et Trabelsi, le financement de certaines associations tunisiennes...sont autant de bombes à retardement. Certaines sources évoquent également des documents relatifs aux deux caisses noires dont disposait Moncef Marzouki, l'une d'entre elles étant consacrée au financement des associations, avec un budget de 2 millions de dinars (1 million d'euros). Cette tentative illustre parfaitement l'état d'esprit d'une certaine frange de la classe politique tunisienne, financée bien avant la Révolution de 2011 par le Qatar, farouchement hostile à Béji Caïd Essebsi, coupable à ses yeux d'incarner l'héritage bourguibien et, par voie de conséquence, soupçonnable de graves intentions quant à la réhabilitation du clan Ben Ali. Craignant que la lumière ne soit faite sur une partie de leurs agissements, les organisateurs de cette descente ont paré au plus pressé en vue de transférer en lieu sûr les preuves éventuelles de leur implication dans des plans subversifs destinés à déstabiliser le régime tunisien de l'époque. Ce qui reste des archives, miraculeusement sauvé par la garde présidentielle vendredi soir, valait certainement la peine que l'on tente, coûte que coûte, de faire main basse sur les documents, l'expérience ayant déjà montré le gain tant politique que financier obtenu par les adeptes du pillage grâce auquel une partie des archives a permis la rédaction du fameux Livre noir des années Ben Ali, une autre a été versée au Qatar, tandis que certaines autres, compromettantes pour tel ou tel homme d'affaires ou anciens ministres de Ben Ali, ont été négociées à prix d'or. Hautes trahisons, malversations, corruptions et compromissions avec les terroristes, commises entre janvier 2011 et décembre 2014. Autant d'ingrédients explosifs que Béji Caïd Essebsi, lorsqu'il fut nouvellement désigné chef du gouvernement, s'était efforcé de combattre, en vain semble-t-il.