L'ex-«Dame de fer» ivoirienne comparait sous l'accusation d'atteinte à la sûreté de lEtat avec à ses coté l'ex-Premier ministre Gilbert Ake N'Gbo, également poursuivi. Le procès de l'ancienne «Dame de fer» ivoirienne, accusée d'«atteinte à la sûreté de l'Etat» a repris hier devant la justice ivoirienne, un défi pour la justice de Côte d'Ivoire à moins d'un an de la présidentielle. L'ex-première dame, 65 ans, qui a connu les sommets puis la chute avec son mari l'ex-président Laurent Gbagbo -détenu par la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye- est jugée depuis vendredi aux côtés de 82 dignitaires de l'ancien régime. En cause, son rôle lors des violences meurtrières de la crise postélectorale de 2010-2011, qui fit 3000 morts et s'acheva par l'arrestation du couple présidentiel. Elle est également réclamée par la CPI, qui l'accuse de «crimes contre l'humanité» commis durant la crise électorale, à l'instar de son mari, emprisonné depuis trois ans et en attente de jugement. Mais Abidjan refuse le transfèrement de Simone Gbagbo à la CPI, arguant qu'il affecterait le processus de réconciliation nationale et que sa justice est désormais en mesure d'organiser un procès équitable. L'ouverture du procès vendredi a marqué la première apparition publique depuis trois ans de celle qu'on surnommait, du temps de son pouvoir, «la Dame de fer» ivoirienne. Elle était autant respectée pour son militantisme que crainte pour son rôle de présidente à poigne, souvent accusée d'être liée à des «escadrons de la mort» contre les partisans d'Alassane Ouattara, l'actuel président ivoirien qui accéda au pouvoir à l'issue de la crise en 2011, et qu'elle a toujours honni. Pour la société civile, le chef d'inculpation d' «atteinte à la sûreté de l'Etat» est cependant «politique». La justice ivoirienne est régulièrement accusée d'être une «justice des vainqueurs» par la société civile, ainsi que par l'opposition favorable à l'ex-président Gbagbo. Sur 150 personnes inculpées pour les plus graves violations commises en 2010-2011, seulement deux appartiennent au camp du président Ouattara, dénonçaient récemment des organisations de défense des droits de l'Homme. A dix mois de l'élection présidentielle prévue en octobre 2015, la réconciliation entre les Ivoiriens est un enjeu de taille, après la décennie de crise politico-militaire qui a vu le pays coupé en deux, et qui a culminé avec les violences postélectorales de 2010-2011, nées du refus de M. Gbagbo de reconnaître sa défaite face à Alassane Ouattara fin 2010. «Tout le pays attend qu'on puisse tourner la page et solder les comptes de la grave crise de 2011 (...) pour aller à la réconciliation. Si ce procès peut y contribuer, tant mieux», a déclaré l'un des co-accusés, Michel Gbagbo, fils de Laurent Gbagbo, en liberté provisoire. La Commission dialogue, vérité et réconciliation ivoirienne, qui a remis son rapport final il y a deux semaines, n'a «pas tenu ses promesses», selon la Fédération internationale des droits de l'Homme. Le président de la Commission, l'ancien Premier ministre Charles Konan Banny, a lui même reconnu que les résultats des travaux étaient décevants. D'autre part, la justice ivoirienne a statué sur le cas de l'éligibilité de l'ancien président, Laurent Gbagbo à la tête de son parti. Cette dernière, a rejeté hier la candidature de l'ex-président Laurent Gbagbo, emprisonné à la Cour pénale internationale pour «crimes contre l'humanité», à la tête de son parti, en pleine crise à moins d'un an de la présidentielle de 2015. Lors d'une audience au tribunal d'Abidjan, le juge a ordonné hier le «retrait» de la candidature de M.Gbagbo, qui a été «présentée sous forme de proposition de candidature émanant de tierces personnes», et non sous forme de «demande manuscrite émanant et signée de lui». L'actuel patron du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N'Guessan, rival de l'ancien chef de l'Etat dans des élections internes, avait saisi début décembre la justice pour annuler la candidature de M. Gbagbo à la présidence du principal parti d'opposition du pays.