Le chef de l'Etat a établi son constat à partir d'un diagnostic objectif. Au Conseil des ministres, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n'a fait ni dans la démagogie, ni dans l'optimisme démesuré. Il a authentiquement mis en évidence les «contraintes» liées au nombre important d'étudiants à prendre en charge à la prochaine rentrée universitaire. Conscient des innombrables brèches à colmater dans le secteur de l'enseignement supérieur, le chef de l'Etat a recommandé mobilisation et rigueur. Il a fermement instruit le gouvernement de prendre d'urgence toutes les mesures nécessaires afin que, au mois de septembre prochain, soit entièrement livré le programme d'infrastructures en cours, soit plus de 130.000 nouvelles places pédagogiques et plus de 60.000 nouvelles places d'hébergement. Il va sans dire - l'ampleur du déficit aidant - que les tracas, de quelque nature qu'ils soient, ne peuvent être surmontés sans le concours de toutes les parties concernées. Dans ce sens, M.Bouteflika sollicite «la mobilisation de toutes les énergies et de tous les moyens dans le cadre de la coordination rigoureuse, permettant d'optimiser les actions entreprises ou à mener pour assurer, dans les meilleures conditions, la rentrée universitaire 2004 - 2005». La sollicitation a l'air d'un «carton jaune» à l'adresse du ministre de l'Enseignement supérieur, M.Harraoubia, pour avoir affirmé que «mon département est prêt à satisfaire toutes les demandes socio-pédagogiques». Car, c'est avec la jonction de tous les efforts que la situation deviendrait maîtrisable. Il serait sous-entendu ainsi, à travers l'intervention de Bouteflika au Conseil des ministres, que le temps des discours incantatoires est révolu, l'essentiel étant de satisfaire concrètement les exigences du monde universitaire et d'en finir avec les années de bricolage catastrophique. Aussi, la franchise de Bouteflika est venue à point nommé rappeler aux ministères mis à contribution l'étendue du chantier qui les attend. Les données relatives à la prochaine année universitaire font ressortir que le département de Harraoubia doit se préparer à recevoir 202.615 nouveaux bacheliers soit un accroissement de 73.502 bacheliers par rapport à l'année précédente. Ce qui portera, en somme, les effectifs en graduation à 740.000 étudiants (+18,9%). Foncièrement résolu à superviser les conditions dans lesquelles les étudiants reprendront le chemin des cours, Bouteflika a eu droit à quelques «assurances». D'après des sources ministérielles reprises par l'APS, il est attendu la réception d'infrastructures pour une capacité de 50.000 places pédagogiques et 20 bibliothèques réparties sur 27 villes universitaires. Celles-là s'ajoutent à la capacité déjà installée, soit près de 600.000 places. De plus, au plan des capacités d'hébergement et de restauration, il est prévu la réception de 20 000 lits et 14 restaurants pour étudiants répartis sur 25 villes universitaires. Cet apport - théoriquement- permet de porter la capacité d'hébergement des établissements à 272.550. N'empêche que ces chiffres sont loin d'être rassurants comparés à la grille des besoins. Le constat du président de la République a eu le mérite de mettre l'étudiant national devant les réalités universitaires qu'il affrontera sans voile, ni fard. Choquer pour traiter est inévitablement mieux que duper pour n'engendrer que déception.