Suite à la disparition du cinéaste résistant René Vautier, plusieurs cinéastes et critiques se sont exprimés pour lui rendre hommage. Patrick Le Hyaric, directeur de L'humanité «C'est avec une profonde tristesse que j'apprends le décès de mon compatriote et ami le cinéaste et militant René Vautier. René était un homme bon, chaleureux, rayonnant de sourires et de culture toujours à l'écoute. On le trouvait avec sa caméra dans un port de pêche filant le dur labeur des marins pêcheurs, dans des fermes ou des usines immortalisant une lutte sociale. Il aimait celles et ceux qu'il filmait. Il aimait raconter la vie, le travail, les actions revendicatives. Sa caméra portait haut la question sociale. Elle lui servait à militer, à mettre à nu ce qui est trop souvent caché. Sa filmographie est impressionnante. Elle porte l'anti-colonialisme et l'humanisme; la vie des femmes et des jeunes comme la dénonciation des marées noires. René portait son communisme en actes, dans ses créations et son comportement fraternel. Il était un juste. Il était un exemple. Le média-business n'a cessé de le boycotter très injustement. Nous ferons vivre sa mémoire et ses oeuvres. Nous le pleurons.» Ahmed Bedjaoui (cinéaste, critique et écrivain) «Nous avons appris la nouvelle du décès de notre grand ami René qui a lutté longtemps et courageusement (comme à son habitude) contre la maladie. Il fait partie pour toujours et à jamais, de l'histoire de l'Algérie dont il a servi la cause pour l'indépendance avec abnégation et détermination. Je l'ai connu au lendemain de l'indépendance lorsqu'il avait créé ce formidable réseau des Ciné-pops dont j'étais le représentant à Tlemcen. En 1982, à l'occasion du 20e anniversaire de l'indépendance, et alors que je dirigeais les services de production de la RTA, j'ai invité René Vautier à venir avec Stevan Labudovic et Carl Gass, évoquer leurs souvenirs de leur guerre de libération. René avait réalisé alors pour le compte de la RTA Images pour la liberté, un moyen métrage que nous avions présenté en juillet 1982 dans une des émissions de Télé cinéclub. Pour l'anecdote, il s'était présenté à l'antenne comme un cinéaste breton en précisant: «Les Bretons sont les Chaouis de la France.» Malik Aït Aoudia (réalisateur) «C'est une perte considérable pour le cinéma algérien. L'engagement de René Vautier qui l'a conduit à risquer sa vie dans les maquis de l'ALN est un exemple de bravoure et de rectitude morale. Faire ce que sa conscience dicte, même contre les siens et même au péril de sa vie est une façon fidèle de décrire son engagement. Une telle rectitude nous engage tous à réaliser des films intelligents, engagés mais toujours avec un grand sens de l'esthétique. Je l'ai rencontré plusieurs fois et je prenais plaisir à l'entendre, toujours très modeste, raconter ses passions et ses engagements. Il nous manquera beaucoup.»