Le Palais du gouvernement Le prochain gouvernement aura la double tâche de parer au plus pressé et gérer les mauvaises surprises que nous réserve l'interminable dégringolade des prix du baril. Au moment où l'on susurre l'imminence d'un remaniement gouvernemental, le Premier ministre sort de sa réserve. Dans un entretien qu'il a accordé à l'agence de presse officielle APS, il dresse un bilan. Il affirme que «la plupart des indicateurs macroéconomiques ont progressé positivement à l'instar du PIB qui est passé de 4123 milliards de DA en 2000 à 17.647 milliards de DA en 2014», soulignant particulièrement la montée en cadence du programme de logements (321.500 réalisés et 311.300 distribués en 2014), l'abrogation de l'article 87 bis, le rétablissement du crédit à la consommation et l'entrée en production des usines de véhicules touristiques de Tlélat, de véhicules tout-terrain de Tiaret et de camions de Rouiba etc. Avec cet inventaire, M.Sellal annonce-t-il en filigrane un remaniement ministériel ou prépare-t-il l'opinion à d'autres décisions dans le cadre du plan d'austérité? Dans cette sortie médiatique, le chef de l'Exécutif a révélé les ingrédients qui composeront sa potion magique pour endiguer la crise. «Il s'agit d'adopter une démarche préventive et prudentielle qui pérennisera la solidité de l'économie nationale et lui évitera tout recours à des ressources financières extérieures, en cas d'étalement dans le temps, de cette séquence baissière des prix des hydrocarbures.» Un passage clé de cet entretien de M.Sellal et qui donne des frissons. Car par «financements extérieurs» on entend le recours à la Banque mondiale, au FMI, au Club de Paris, au Club de Londres. Des institutions dont les noms font toujours trembler les citoyens algériens pour avoir subi les affres du plan d'ajustement structurel au milieu des années 1990. L'Algérie retombera-t-elle encore une fois sous les fourches caudines du FMI? Le Premier ministre rassure: D'abord, «la décision de différer les recrutements de la Fonction publique dans certains domaines non prioritaires, ne concernera pas l'éducation, l'enseignement supérieur, la formation professionnelle et la santé». Ensuite, il n'omet pas de mettre au coeur de sa stratégie, la jeunesse précisant que «que la jeunesse demeure un axe prioritaire de l'action des pouvoirs publics». Il en veut pour preuve les différents mécanismes et dispositifs d'aide à l'emploi et à la création d'activités par les jeunes promoteurs, qui sont maintenus dans la mesure où ils donnent d'excellents résultats. Cependant, pour concrétiser ces objectifs dans un contexte difficile de crise, le Premier ministre annonce, sans être plus explicite, qu'il opérera «les réformes nécessaires». Il ajoute, «on doit tous se mobiliser, faire cesser la gabegie et croire en notre destin (...)». A sa potion, Abdelmalek Sellal ajoute une dose d'optimisme suggérant aux Algériens de se «départir du pessimisme ambiant». C'est donc dit, le gouvernement amorcera un nouveau virage qui exige une autre cadence et même de nouveaux profils. Des sources gouvernementales nous ont confié hier, que lors du dernier Conseil des ministres, le chef de l'Etat n'a pas exclu un remaniement gouvernemental dans «les semaines à venir». Nos sources précisent également que le plan d'austérité commencera d'abord par les ministères. C'est ainsi qu'il serait fort probable de voir une substantielle réduction du nombre de départements ministériels. On verra alors la jeunesse et les sports rassemblés en un seul département, la culture et la communication et d'autres regroupements à même de glaner quelques dépenses budgétaires en ces temps de vaches maigres. Avec quel attelage, abordera-t-on cette nouvelle période? Le président Bouteflika, aura-t-il recours à une autre équipe pour gérer cette période de disette qui s'annonce ou alors se contentera-t-il de recadrer l'actuelle équipe dont l'essentiel de la composante est technocratique. Des ministres comme Tayeb Belaïz de l'Intérieur, Boudiaf de la Santé, Nouri de l'Agriculture, Benghebrit de l'Education, Khomri de la Jeunesse, Grine de la Communication, Tebboune de l'Habitat, pour ne citer que ceux-là n'appartiennent à aucun parti politique. Le prochain gouvernement aura la double tâche de parer au plus pressé et gérer les mauvaises surprises que nous réserve l'interminable dégringolade des prix du baril.