L'Algérie avait déjà lancé un appel en ce sens. «L'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres du marché par la baisse de sa production», avait déclaré le 28 décembre 2014 le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. Le président vénézuélien, Nicolas Maduro, s'est rendu hier en Arabie saoudite pour tenter de faire fléchir la position du chef de file de l'Opep qui a décidé de ne pas bouger le petit doigt malgré l'effondrement des cours de l'or noir. L'axe Alger-Caracas qui se dessinait, se met apparemment en branle et se renforce. «Nous avons évoqué le marché pétrolier international et réaffirmé notre position à défendre le prix du pétrole» avait déclaré le ministre du Pouvoir populaire pour les Relations extérieures du Venezuela, Rafael Ramirez, au mois de novembre dernier à Alger, à l'issue d'un entretien avec le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. L'Iran constitue avec l'Algérie et le Venezuela ce trio de choc qui veut faire «plier» Riyadh qui s'est prononcée pour maintenir le plafond de production de l'organisation inchangé coûte que coûte. A Téhéran où il était en visite, le chef de l'Etat vénézuélien et son homologue iranien ont appelé le 10 janvier 2015 l'Opep à soutenir les prix du pétrole. «Sans aucun doute, la coopération des membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole, qui sont sur la même ligne, pourra permettre de neutraliser les plans de certaines puissances contre l'Opep et stabiliser les prix à un niveau acceptable en 2015», a déclaré le président Rohani lors de sa rencontre avec M. Maduro. L'Algérie a déjà lancé un appel en ce sens. «L'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres du marché par la baisse de sa production», avait déclaré le 28 décembre, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi. «L'Algérie ne partage pas la position des gros producteurs au sein de l'organisation (l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, Ndlr), selon laquelle l'Opep doit cesser d'intervenir pour réguler le marché et de le laisser se stabiliser de lui-même», avait indiqué samedi Youcef Yousfi lors d'un point de presse organisé à l'issue de son déplacement dans le bassin d'Ahnet (Tamanrasset) pour assister au premier forage de gaz de schiste. Un tacle ciblant directement le ministre saoudien du Pétrole qui a multiplié les sorties médiatiques «fracassantes» qui ne servent et ne défendent que les intérêts étroits de son pays. Pour garder ses parts de marché le Royaume wahhabite se tient prêt à faire «couler» les prix du pétrole. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, il y a tout juste une semaine, au Middle East Economic Survey (Mees), une revue spécialisée qui fait autorité dans le monde sur les questions du gaz et du pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena). La dégringolade des prix du pétrole a déjà asphyxié certaines économies des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, à l'instar du Venezuela et de la République islamique d'Iran alors que l'Algérie qui repose sur un matelas en devises confortable (185,273 milliards de dollars à fin septembre 2014, selon la Banque d'Algérie) semble mieux armé, pour affronter cette crise. Ce qui ne l'a pas empêché d'afficher ses préoccupations. L'idée d'un changement de cap de l'Opep fait son petit bonhomme de chemin. L'Arabie saoudite s'y ralliera-t-elle? Pas si sûr. Pour bon nombre des membres du cartel, le pronostic vital est pourtant engagé.