Le siège de l'Opep à Vienne «L'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres du marché par la baisse de sa production», a déclaré samedi dernier le ministre de l'Energie lors d'un point de presse organisé à l'issue de son déplacement dans le bassin d'Ahnet (Tamanrasset) pour assister au premier forage de gaz de schiste. Le cavalier seul de l'Arabie saoudite en ce qui concerne la dégringolade des cours de l'or noir n'est pas du goût de tous. Certains pays font profil bas face au diktat du tout-puissant ministre du Pétrole saoudien. L'Algérie lui crie haut et fort son désaccord. «L'Algérie ne partage pas la position des gros producteurs au sein de l'organisation (l'Arabie saoudite et les pays du Golfe, Ndlr), selon laquelle l'Opep doit cesser d'intervenir pour réguler le marché et de le laisser se stabiliser de lui-même», a indiqué samedi dernier le ministre de l'Energie. Un tacle ciblant directement le chef de file du cartel qui a multiplié ces derniers jours des sorties médiatiques «fracassantes» qui ne servent et ne défendent que les intérêts étroits de son pays. Pour garder ses parts de marché le Royaume wahhabite se tient prêt à faire «couler» les prix du pétrole. «Il n'est pas dans l'intérêt des producteurs de l'Opep de réduire leur production, quel que soit le prix (...). Que ça descende à 20, 40, 50 ou à 60 dollars, il n'est pas pertinent de réduire l'offre», avait déclaré le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, il y a tout juste une semaine, au Middle East Economic Survey (Mees), une revue spécialisée qui fait autorité dans le monde sur les questions du gaz et du pétrole au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (Mena). «Les Saoudiens parlent au nom de l'Opep (...) mais si le prix du pétrole tombe aussi bas (à 20 dollars le baril), ils pourraient faire face à une opposition (interne) qui serait dure à surmonter», a prévenu l'analyste Connor Campbell de Spreadex. Les Algériens n'ont pas attendu qu'il atteigne ce seuil pour réagir. «L'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres du marché par la baisse de sa production», a déclaré samedi dernier le ministre de l'Energie lors d'un point de presse organisé à l'issue de son déplacement dans le bassin d'Ahnet (Tamanrasset) pour assister au premier forage de gaz de schiste. Est-il d'accord avec la position de certains producteurs qui affirment que les prix du pétrole se rétabliront d'eux-mêmes lorsqu'ils auront atteint de très bas niveaux? «Ce n'est pas notre avis. Pour nous l'Opep doit intervenir pour corriger les déséquilibres, en procédant à une coupe de sa production afin de faire remonter les prix et de défendre les revenus de ses pays membres», a souligné Youcef Yousfi qui a fustigé «ces gros producteurs qui ont adopté cette position de crainte de voir les pays non membres de l'organisation monter en puissance grâce à une explosion de la production de pétrole de schiste». «Ces gros producteurs ont défendu leur position par le fait que les baisses opérées par l'organisation par le passé ont toujours profité aux pays non membres de l'Opep qui gagnaient des parts de marché supplémentaires à leurs dépens.» a-t-il fait remarquer. Une position défendue bec et ongles par Riyadh que M.Yousfi s'est abstenu de nommer. L'Arabie saoudite s'était prononcée pour un maintien de la production de l'Opep lors de la réunion du 27 novembre à Vienne en Autriche. Depuis et en l'espace d'un mois, le baril de pétrole a plongé de 15 dollars à New York et de plus de 12 dollars à Londres. Dans la foulée de cet effondrement des cours de l'or noir, l'Algérie a dû prendre des mesures pour atténuer son impact sur ses équilibres budgétaires (gel des recrutements dans la Fonction publique, rationalisation des dépenses...). Son appel à réduire la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole qui ne restera sans doute pas sans écho. Riyadh doit y songer.