Le Nouvel An berbère se fête dans le faste «Yennayer, jour férié», a été une revendication du Mouvement culturel berbère (MCB) depuis le début des années quatre-vingt-dix. La revendication a été reprise par le mouvement citoyen en 2001. Aujourd'hui, c'est carrément une institution de la République, à savoir le Haut Commissariat à l'amazighité (HCA), qui exige que Yennayer soit sacré jour férié.Hier, la journée était chômée et payée de fait dans les quatre coins de la wilaya de Tizi Ouzou. L'occasion ou la raison? C'est Yennayer, jour de l'an amazigh. En effet, depuis plus de deux décennies et, en dépit du fait que la journée de Yennayer ne soit pas encore reconnue de manière officielle, dans la wilaya de Tizi Ouzou, la même journée est décrétée de fait «jour de repos». Hier, donc, les élèves des établissements scolaires de tous les paliers d'enseignement ont déserté les bancs des salles de classe et ce, à l'instar des étudiants (plus de quarante-cinq mille) fréquentant l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou. Au niveau du campus universitaire de Hasnaoua, l'heure était plutôt à la fête. D'ailleurs, hier matin, le campus en question où est située la bibliothèque centrale était quasiment désert. Les étudiants ont préféré rejoindre dès la matinée les établissements culturels de la wilaya afin de ne pas rater la multitude d'activités culturelles et artistiques concoctées pour la circonstance. Les écoles primaires, les lycées et les CEM de la même wilaya étaient aussi fermés et ils ne rouvriront leurs portails qu'aujourd'hui. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, le jour de l'An berbère a un immense ancrage populaire et ce, depuis toujours. Cet ancrage s'est accentué depuis l'ouverture démocratique et médiatique ayant succédé aux événements d'octobre 1988. Depuis, des centaines d'associations culturelles amazighes ont été créées dans les soixante-sept communes de la wilaya et ont fait de la réhabilitation des symboles amazighs leur préoccupation majeure et leur terrain d'activité de prédilection. Depuis donc le début des années quatre vingt-dix, des dates comme Yennayer et le 20 avril sont devenues sacrées et elles sont marquées par des centaines d'activités commémoratives à travers toute la région. Du côté officiel, la reconnaissance de Yennayer n'est pas clairement assumée puisque la revendication de faire de Yennayer un jour férié n'est, jusque-là, pas satisfaite. Mais ces dernière années, les institutions officielles sont impliquées de manière explicite dans la commémoration de cette journée sacrée pour tous les Amazighs d'Algérie et d'ailleurs. Ainsi, cette année aussi, de nombreuses activités grandioses sont organisées carrément par les institutions officielles. A Tizi Ouzou, par exemple, ce sont les directions de la culture, la radio locale, le théâtre régional Kateb-Yacine, la Maison de la culture Mouloud-Mammeri, etc., qui sont les initiateurs du programme spécial Yennayer. Concernant la radio-Tizi Ouzou, cette dernière a organisé pour la soirée d'hier un grand gala artistique au niveau du théâtre régional Kateb-Yacine. Ce spectacle devait être représentatif de toutes les variantes et sensibilités de l'amazighité en Algérie: Chaouie, mozabite, kabyle, targuie... Le gala initié par Radio-Tizi Ouzou à l'occasion de Yennayer devait être animé par Sid Ali Bimol, Malika Domrane, Djamel Allam, Nabil Baly, Ali Ideflawen, Chérif Hamani, Hacene Ahres et Dihia. Le gala devait être retransmis sur les ondes de Radio-Tizi Ouzou, Radio Jil FM et la Chaîne III. Hier, lundi, la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a été prise d'assaut par des centaines de citoyens qui ont voulu assister à la célébration de Yennayer. Le public de la Maison de la culture a eu droit dès la fin de matinée à un agréable spectacle de chants traditionnels avec une troupe d'idhebalen. Sous un beau soleil, des jeunes s'en sont donnés à coeur joie en se livrant à une danse spontanée, sous le regard amusé de dizaines de spectateurs. A midi, des centaines de personnes ont pu déguster un déjeuner (waâda), constitué de couscous et de poulet, offert par la Maison de la culture au niveau de la grande place de cet établissement culturel. A treize heures, un gala artistique était prévu avec Yasmina, Ali Ideflawen, Sonia Amrani et Said Attab. Par ailleurs, dans les quatre coins de la même wilaya, des activités très riches ont eu lieu durant la journée d'hier dont un gala au centre culturel d'Azazga.