Ce n'est pas une simple rencontre de judo qui changerait les positions de principe de l'Algérie. Le judoka algérien, Omar Meridja, a affronté, dimanche en phases éliminatoires des Jeux olympiques d'Athènes, un judoka israélien. Un geste interprété comme un revirement dans la position algérienne par rapport à un dossier longtemps diabolisé. Car l'Algérie ne trouve aucun inconvénient à normaliser ses relations avec l'Etat hébreu, à condition que celui-ci accepte l'édification d'un Etat palestinien indépendant, avec comme capitale El Qods, ainsi que de consacrer le droit au retour des réfugiés. Depuis la poignée de main, Bouteflika-Barak, à l'occasion des obsèques du roi Hassan II au Maroc, le sujet qui était classé tabou dans les moeurs politiques algériennes, est subitement devenu un fait banal et sans la moindre signification. La «fréquentation» des athlètes israéliens est donc bien réfléchie et surtout mûrie. Car une telle initiative ne serait possible que si elle était au préalable motivée par l'aval des autorités algériennes au plus haut niveau. Ce n'est donc pas le «gentil» Omar Meridja, qui, de son propre chef, avait décidé de descendre sur le tatami pour affronter son adversaire. Le judoka a plutôt obéi à des instructions des membres de la délégation algérienne qui, à leur tour, auraient été instruits par les autorités à ne pas créer le moindre incident et s'en tenir seulement aux limites de l'esprit des Jeux. L'Algérie est , rappelons-le, le seul pays du Maghreb à ne pas entretenir de relations diplomatiques avec l'Etat hébreu, contrairement à ses voisins, le Maroc, la Tunisie et la Mauritanie. Par ailleurs, les relations entre les pays arabes et Israël, ont de tout temps été la pomme de discorde entre les pays membres de la Ligue arabe. Leur timidité à condamner ouvertement les exactions sionistes dans les territoires palestiniens occupés répond à une stratégie bien étudiée: celle de ne pas s'attirer les foudres des institutions financières internationales dans lesquelles les juifs occupent les principaux postes de décision. Cependant, il demeure que ce n'est pas une simple rencontre de judo qui changerait les positions de principe de l'Algérie, dont le seul souci est de défendre les causes justes, à savoir, le droit des peuples à l'autodétermination. C'est justement la même attitude qui est adoptée par l'Algérie, vis-à-vis de la question du Sahara occidental. Un dossier qui ne doit en aucune manière servir de préalable à la consolidation des relations bilatérales entre Alger et Rabat. Il est donc clair que l'Algérie n'encourage ni l'antisémitisme et encore moins la discorde entre les peuples, mais plutôt aspire à un monde juste où la primauté revient à la légalité internationale.