L'athlète algérien a, au moins, réussi à prendre le meilleur sur son adversaire. Fallait-il ou non que Amar Meridja affronte, en judo, l'Israélien Ehud Vaks dimanche matin lors des éliminatoires de la catégorie des -66 kg? Cette question a été posée sachant que ce combat masquait des considérations politiques qui ne disaient pas leur nom. Cet athlète israélien a affronté l'Algérien lors du second tour de ces éliminatoires. Pour parvenir à ce stade, il avait bénéficié de la disqualification de l'Iranien Arash Miresmaeili à qui la médaille d'or de la catégorie était promise puisqu'il est le champion du monde en titre. La veille du combat, le forfait de ce dernier était évoqué, mais on était loin de penser qu'il allait être mis en pratique. Car se retirer d'une compétition officielle c'est mettre en péril son avenir de sportif. Les Iraniens étaient décidés à ne pas engager leur judoka et pour cela ils ont usé d'un subterfuge, à savoir le faire grossir de quelques grammes pour que le jour de la pesée, il soit mis hors course. L'astuce a marché mais, peut-être, à moitié, car il nous paraît peu probable que la Fédération internationale de judo et le CIO ne réagissent pas. En un mot, l'Iranien risque une suspension de 2 ans. Pouvait-on alors faire comme les Iraniens et retirer notre athlète juste avant le combat contre l'Israélien? «Non, nous dira M.Mohamed Meridja, le président de la Fédération algérienne de judo, poursuit-il, Non, et à double titre. D'abord, parce qu'en signant pour avoir son accréditation auprès du CIO, l'athlète adhère aux règles du jeu qui disent qu'il faut participer en faisant fi de toute considération politique, sociale ou religieuse. Ensuite, il s'agissait du second tour des éliminatoires. Si cela avait été le premier tour, nous aurions pu jouer sur le poids comme l'ont fait les Iraniens. Or, notre athlète avait déjà passé victorieusement un tour. Nous n'aurions jamais pu user de l'artifice du surplus de poids pour un tour qui se déroulait une demi-heure seulement après le premier tour». Cet argument du CIO est partagé par le président du Comité olympique algérien, M.Mustapha Berraf. «Le COA est signataire de la charte du CIO, nous a-t-il dit. Cette charge nous nous devons de la respecter sinon nous sommes exclus de la famille de l'olympisme universel. Nous sommes ici pour faire du sport et non de la politique. Alors, si vous le voulez, parlons sport». Prenant la suite, M.Meridja nous a déclaré: «Vous savez, ce n'est pas la première fois qu'une telle situation se présente devant nous. Aux jeux de Sydney en 2000, notre judoka Yagoubi avait eu à affronter un Israélien et il l'avait combattu sans que cela soulève des vagues». Justement, des vagues pareilles si elles continuent à être soulevées c'est parce qu'il n'y a pas de position claire sur le sujet de la part de nos politiques. Il y a quelques années de cela, lorsque M.Mohamed Salah Dembri occupait le poste de ministre des Affaires étrangères, le problème lui avait été posé par certains présidents de fédérations sportives lors d'un séminaire autour du sport et des relations internationales. Le ministre avait explicitement indiqué que lorsqu'il s'agissait de compétitions internationales engageant plusieurs pays, il fallait que les Algériens concourent même contre des athlètes de pays avec lesquels l'Algérie n'entretient pas de relations diplomatiques. Il nous semble que cette prise de position du ministre était celle de l'Etat car il ne s'exprimait pas en aparté mais devant un imposant parterre de journalistes. Cette prise de position doit être toujours de mise et le MJS gagnerait à la divulguer. De ce fait, on éviterait bien des polémiques. En tout cas, Meridja n'aura pas combattu pour rien. Il a au moins réussi à montrer à l'Israélien qu'il était plus fort que lui.