Ce contrat d'armement aurait été rendu possible depuis le départ du général Mohamed Lamari. C'est le journal français Le Monde qui rapporte dans sa dernière livraison que l'Algérie compte acquérir des avions de chasse français de type Rafale. Le contrat aurait été formellement conclu entre les deux chefs d'Etat, algérien et français, lors du déjeuner privé qu'a offert Chirac à Bouteflika au fort Brégançon dans le Var au lendemain de la commémoration du débarquement de Provence. Le journal, qui cite «une source proche du dossier» relative à la coopération militaire entre les deux pays, sans doute un cadre du ministère de la Défense, précise que «les deux hommes (lors de ce déjeuner) devaient évoquer les problèmes de coopération économique, civile et militaire». Il ajoute, d'une manière succincte, laissant planer pas mal de points d'interrogation, que «cette coopération pourrait notamment englober l'achat par l'Algérie d'avions Rafale». Les Français, qui seraient en discussions avec les Algériens à propos de ce dossier, au moins depuis la visite d'Etat de Chirac en 2002, ne pouvait finaliser le contrat à cause d'une raison que les observateurs étaient loin de soupçonner. C'est, du moins, ce que précise cette source française. Le journal écrit, en effet, que «la perspective d'un tel contrat aurait été rendu possible par le départ, lundi 2 août, officiellement pour raison de santé, du général Mohamed Lamari, qui occupait la fonction de chef d'état-major et son remplacement par le général Salah Ahmed Gaïd». La source, en revanche, ne précise pas le nombre d'avions que l'Algérie compte acquérir. Il ne fait aucun doute, en tout cas, qu'il s'agit là de la première confirmation de la levée de «l'embargo» tacite qui pesait sur les forces armées algériennes et auxquelles aucun membre de l'Otan ne voulait vendre d'armements stratégiques. La France, dont l'armée est la quatrième puissance mondiale, est également membre permanent du Conseil de sécurité, ce qui ouvre ainsi la voie à cette levée d'embargo. On prévoit en effet que l'ANP se dote de plusieurs autres types d'armements de l'Otan fabriqués par d'autres pays, tels que l'Italie et les USA. Les Marocains, au reste, semblent avoir eu vent de cette entreprise de modernisation de notre armée. Très souvent, dans leurs analyses de presse, fort inspirées, ils s'interrogent sur les raisons qui poussent notre pays à s'armer autant. Comme s'il fallait des raisons plus importantes que celles liées au fait que notre pays va jouer un rôle pivot dans la sécurisation de la Méditerranée du Sud, mais aussi de toute la région sahélienne où les éléments d'Al Qaîda avaient tenté de se redéployer avant que les services secrets algériens n'éventent leur projet et ne mettent hors d'état de nuire l'émissaire spécial dans la région d'Oussama Ben Laden. Il faut croire que les jalons principaux de ce contrat d'achat d'avions français de chasse, «au moins une dizaine», nous dit-on, auraient été posés «lors de la visite à Alger, le 16 juillet passé, de la ministre française de la Défense, Michèle Alliot-Marie». C'est à cette occasion, faut-il le rappeler, que l'opinion publique avait découvert l'énigmatique éclipse du général Mohamed Lamari, avant qu'elle ne soit expliquée par Zerhouni de manière fort peu convaincante. Cette absence tend à confirmer les analyses faites par la «source du Monde» à propos des blocages levés avec le départ de l'ancien chef d'état-major. Des sources algériennes, s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, tout en confirmant à demi-mot la très prochaine conclusion de ce nouveau contrat d'armement, rappellent que «la firme française Dassault a lancé son avion de chasse Rafale comme une réplique au fameux F16 américain». Même si l'avion français a eu tendance à battre quelque peu de l'aile à ses débuts, les notables et importantes améliorations apportées aux générations suivantes en ont fait présentement l'un des chasseurs les plus performants. Les mêmes sources rappellent le fameux contrat signé depuis peu avec les Russes pour l'achat de 50 chasseurs de type Mig29 pour une somme globale de 1,8 milliard de dollars. Le fait que notre pays ait décidé de se doter en outre de Rafales, et pourquoi pas d'autres types d'armements de l'Otan, confirme que la professionnalisation de l'ANP est bel et bien en cours. Il s'agit là, outre l'éradication du terrorisme, de la seconde priorité que s'est fixée l'actuel chef d'état-major dans son ordre du jour, paru dans la revue El Djeïch de ce mois d'août. C'est bel et bien une ère nouvelle qui semble s'ouvrir pour notre armée nationale. Les Français, qui y ont contribué à leur façon, avaient bien promis que les relations algéro-françaises devaient atteindre un niveau d'excellence jamais égalé depuis l'indépendance. Depuis la visite éclair de Chirac à Alger au lendemain de la réélection de Bouteflika pour un second mandat, pas moins de deux conseils interministériels ont eu lieu en France alors qu'un nombre important de ministres, et non des moindres, ont commencé à défiler à Alger. Il en a résulté, avant que ce contrat d'armement ne soit dévoilé, un accord économique de pas moins de deux milliards de dollars alors que 30% de notre dette française devrait être reconvertie en investissement, comme le confirme l'appel d'offres lancé par Nicolas Sarkozy dès le lendemain de sa visite à Alger. Cette accélération dans l'amélioration des relations entre l'Algérie et la France fait même dire aux observateurs bien au fait de ce dossier qu'il nous réserve peut-être bien d'autres surprises.