Quoique les figures de proue des deux camps se démènent à maintenir le statu quo, des mouvements internes y opposent une farouche résistance. Le FFS et El-Islah, qui se targuent d'être «la vraie opposition», sont dans une mauvaise posture. Ils sont confrontés à des convulsions internes qui sont en passe de s'aggraver. Laminés par une élection présidentielle qui a faussé toutes leurs analyses, les deux formations se sont retrouvées devant des bases militantes exigeantes, désillusionnées par tant «d'échecs à répétition». Le leader d'El-Islah, M.Djaballah, qui s'est distingué par une campagne électorale virulente à l'encontre du chef de l'Etat, M.Bouteflika, s'y était sorti les dents cassés. Celui qui jurait que «la carrière politique de Bouteflika finira après le 8 avril», a eu à subir les contrecoups de ses propresattaques. «L'ère Djaballah est révolue», s'est écrié le député Adda Fellahi, reprochant au président du parti «une impardonnable myopie politique». Depuis, le fossé n'a cessé de se creuser entre les partisans du «zaïmisme» et une frange de «réformateurs» voulant donner à El Islah «un nouveau souffle». Une crise qui s'apparente à un conflit de générations où ceux qui ont souvent fait figure de «suivistes» veulent inverser les rôles. Par voie de conséquence, cette agitation n'est pas sans effets sur le fonctionnement du parti. Son leadership, traditionnellement actif, est réduit, affirment certaines sources, à redoubler de vigilance pour parer à toute «mauvaise surprise» au prochain congrès qui se tiendra à la fin de l'année en cours. Bien qu'elle ait promis activisme et dynamisme, la direction politique d'El Islah se montre curieusement avare de sorties politico-médiatiques. Apparemment, le cap est mis sur l'université d'été; une opportunité pour «remettre de l'ordre» dans la maison et écarter les «agitateurs». Le parti de Hocine Aït Ahmed, n'en est pas moins atteint par cette fièvre de brouilles internes. Les querelles de clocher y sont à son paroxysme. Vraisemblablement, le charisme d'Aït Ahmed n'est pas en mesure d'atténuer des troubles dont la profondeur dépasse le stade de simples divergences de vue. Comme à El-Islah, le FFS vit un malaise de ce qu'on peut qualifier le vide politique. La contestation de la liste devant constituer le conseil national, n'est en vérité que le désir manifeste de couper les ponts avec tout ce qui rappelle les «faux pas» antérieurs du parti. Le besoin de réadapter le FFS à la nouvelle donne politique est fortement ressenti. Même si les sources autorisées du parti tentent de minimiser la portée de la fronde, il est remarquable que le plan d'action ne fait pas l'unanimité au sein de tout le groupe. L'implication des vétérans de 1963 en est une preuve incontestable. Et comme répercussions immédiates, le FFS donne l'impression d'être amolli, se résignant à se signaler sur la scène politique par des activités commémoratives sans impact notable. Dans un communiqué adressé hier, à notre rédaction, portant la signature du premier secrétaire par intérim, M Ali Laskri, le FFS a informé de ses préparatifs pour la célébration du 20 Août 1956 (congrès de la Soummam) où un message de son leader charismatique sera lu au peuple algérien. Paradoxalement - en l'état actuel des choses- la sortie de l'un des piliers de la Guerre de libération, pour redire ce qu'on a que trop entendu, est moins curieuse que de savoir la tournure que prendra le congrès dont la tenue est prévue pour début 2005. Que ce soit du côté d'El-Islah ou de celui du FFS, les chamboulements intrinsèques auxquels ils font face ne sont que la traduction du pragmatisme qui a gagné une opposition jusque-là stérile. Leurs masses de militants - spécialement les plus actifs - n'ont qu'une seule obsession : ou l'activisme se matérialise par des acquis tangibles, ou en finir avec des directions politiques qui ont tout l'air de coquilles vides.