Le FFS n'aura pas un nouveau premier secrétaire. Karim Tabbou, qui a remis son mandat au président Hocine Aït Ahmed le 1er décembre par « morale et éthique politique », vient d'être maintenu à son poste de premier secrétaire et surtout d'être conforté dans sa démarche politique pour la remise en forme des structures du parti. Le président Hocine Aït Ahmed le confirme à ce poste, arguant, dans un message adressé aux membres du Conseil national (CN) réunis jeudi en session extraordinaire, qu'il a su « remplir des missions importantes ». Selon lui, non seulement Tabbou a réussi à remettre en ordre le parti, mais aussi à remobiliser la base militante et à mettre fin à la politique « des sables mouvants ». Considérant la remise « spontanée et responsable du mandat » comme acte hautement « moral, militant et politique », M. Aït Ahmed souligne « la contribution décisive » de M. Tabbou à la tenue des échéances internes, notamment le 4e congrès en septembre dernier. Le statu quo crypto-stalinien Le leader du FFS ne manque pas à cette occasion de livrer son analyse sur les élections locales du 29 novembre dernier, desquelles son parti est revenu avec des résultats qui n'étaient surtout pas à la hauteur de ses ambitions. « Je vous ferai l'économie de verser dans l'évaluation que vous venez de faire sur la stratégie combinée (...) par de multiples officines de corruption politico-financière à tous les niveaux, locaux, régionaux et nationaux. La constance fondamentale du dépérissement progressif et total du suffrage universel n'a fait que suivre le déni brutal du droit à l'autodétermination qui était la raison d'être de l'Etat algérien », écrit-il aux membres du CN. Hocine Aït Ahmed, qui a été réélu président en septembre dernier, qualifie le dernier scrutin d'« une énième piètre compétition tragico-garagouzienne ». Pour lui, le FFS a été sanctionné par les gouvernants. « Nous avons, précise-t-il, été punis par le Pouvoir en place pour avoir osé être nous-mêmes, pour avoir osé être fidèles à nous-mêmes, à nos engagements et à nos idéaux. » Il regrette que des initiatives telles que la déclaration commune faite avec Abdelhamid Mehri et Mouloud Hamrouche pour la démocratisation et la stabilité sociale soient considérées comme « une menace et un danger pour les tenants du statu quo crypto-stalinien, de la régression et de la gestion brutale ». Il estime que la nouvelle stratégie du FFS, qui porte sur l'ouverture à tout le reste de la société, dérange autour et en dehors du parti « les tenants du théâtre de vaudeville ». « Cadres rentiers » « L'abus de position dominante a fait que certains de nos cadres se sont plus comportés en rentiers de gestion ou d'opposition, plutôt qu'en acteurs sociaux œuvrant pour le lien de nos structures avec nos villages, nos quartiers et les forces syndicales et associatives autonomes », relève-t-il, avant d'ajouter que le FFS a su « amortir les coups de boutoir internes et externes et c'est par miracle que se poursuit tranquillement son odyssée de résistance à une dictature folle furieuse aux relents régionaux ethnicistes qui menacent la cohésion nationale ». M. Aït Ahmed appelle ainsi les cadres dirigeants du parti à continuer « le processus d'assainissement politique des structures ». Après sa confirmation au poste de premier secrétaire, Karim Tabbou s'engage à accomplir sa mission avec « plus de détermination, d'énergie et de dévouement ». Il affirme qu'il entamera les discussions cette semaine en vue de former son équipe. Il n'exclut cependant pas qu'il y ait des membres de l'ancienne équipe qui seront reconduits. M. Tabbou estime que les élections du 29 novembre étaient un « simple exercice de terrain » qui ne risque pas de faire « perdre au parti sa boussole ». Insistant sur l'absence de climat politique favorable à la tenue d'élections démocratiques, notamment avec le maintien de l'état d'urgence, M. Tabbou se montre déterminé à œuvrer davantage pour élargir l'audience du parti et de fédérer les forces de l'opposition. A propos du troisième mandat réclamé pour le président Bouteflika, le premier secrétaire du FFS trouve que « le Pouvoir continue d'ignorer le peuple et d'agir sur la base d'arrangements internes au sérail ».