Les manifestants ne décolèrent pas Il est également demandé de réactiver le Conseil national de l'énergie et en urgence.. La décision du gouvernement d'exploiter le gaz de schiste a eu comme unique effet la large mobilisation de la société, citoyens, partis politiques et mouvements associatifs. Les habitants de In Salah, extrême-sud de Tamanrasset ne sont plus seuls dans leur combat contre le gaz de schiste. Hier, c'est le collectif «Non à l'exploitation des gaz de schiste en Algérie» qui s'est joint à la contestation. Dans un communiqué rendu public hier, ce collectif a appelé à un moratoire sur cette exploitation. Il a souligné la nécessité d'un tel moratoire «en attendant des process plus respectueux de l'environnement et de la biodiversité, et rentables économiquement». Le collectif demande également à réactiver le Conseil national de l'énergie, en urgence ainsi que d'impulser un débat national, serein et dans la transparence la plus totale sur l'avenir économique et énergétique de l'Algérie. «L'Algérie est à un tournant décisif de son histoire, celui de la deuxième indépendance, économique celle-là, qui risque d'être compromise par des décisions précipitées et pas assez concertées», estime ce collectif, ajoutant que l'ouverture d'un champ de réflexion à toutes les bonnes volontés du pays, pour sauver l'Algérie du péril doit être imposée. Pour le moment, il n'y a aucun débat sur la question. Tous ceux qui interviennent dans la presse nationale mettent en exergue les dangers d'un tel projet. Aucun expert indépendant n'est venu appuyer la décision du gouvernement. Le seul argument des spécialistes organiques et des décideurs est d'ordre économique. Pour le collectif «Non à l'exploitation des gaz de schiste en Algérie», les dangers de l'exploitation des gaz et des huiles de schiste par fracturation hydraulique dans les pays qui en ont fait l'expérience ainsi que la quasi-totalité des scientifiques et de nombreux experts nationaux et internationaux, suscitent l'inquiétude légitime des populations du Sud algérien. «Il est formellement établi que la technique d'exploitation des gaz de schiste par fracturation hydraulique est nocive, aussi bien sur les équilibres environnementaux que sur la santé. Les conclusions des expériences actuelles dans les pays qui ont fait le choix de l'exploitation des gaz de schiste sont alarmantes, ce qui a fait interdire définitivement cette technique en France et plus récemment (décembre 2014), dans l'Etat de New York et au Canada, sans oublier le désenchantement en Pologne», soutient le collectif dans son communiqué. Il relève la toxicité des produits utilisés dans le fluide de fracturation (agents de soutènement, réducteurs de friction, surfactants, gélifiants, inhibiteurs de corrosion, antimousses...) dont certains sont cancérigènes (benzène, formaldéhyde, naphtalène...), neurotoxiques (aluminium, hexane, acrylamide, toluène, xylène...), ou toxiques pour la reproduction (acide borique, toluène). Il mentionne également la toxicité de certains éléments naturels, remontés en surface par les boues et la difficulté de traiter ces dernières (métaux lourds, produits hautement radioactifs, bactéries anaérobies qui, au contact de l'air, produisent un gaz asphyxiant), en plus de la pollution de l'air et des nappes phréatiques. Cela en plus du fait que la technique nécessite l'utilisation de quantités astronomiques d'eau qui, en Algérie, ne pourront être puisées que dans la nappe albienne fossile et non renouvelable. «Cette eau pourrait servir au développement d'autres secteurs tels que l'agriculture, le tourisme, pourvoyeurs d'un plus grand nombre de postes de travail pour les populations locales, de façon durable et respectueuse de leur cadre de vie», plaide-t-on. Face à tous ces arguments, le gouvernement ne trouve aucune parade à part celle, sans conviction, de chercher à rassurer les citoyens. Le collectif ajoute qu'il est de plus en plus établi que l'investissement dans les gaz de schiste n'est pas rentable et a créé une véritable bulle spéculative. Cela avant d'arriver à cette conclusion: «Dire non à l'exploitation de gaz de schiste c'est dire oui à une Algérie responsable.» «Devant l'effondrement des cours des hydrocarbures qui nous met face a notre réalité économique et à sa fragilité, une réflexion large et stratégique s'impose afin d'impulser une véritable vision quant à la politique économique et énergétique de notre pays», tranche le collectif anti-gaz de schiste.