Le gaz de schiste n'est pas pour demain... Avec un pareil redéploiement du personnel politique, il faut dire que le problème est très sérieux. S'exprimant sur l'épineux dossier du gaz de schiste, lors de son déplacement hier, à Mascara, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, a soutenu que le projet n'est qu'à sa phase d'exploration. «Nous sommes au plan d'évaluation du gaz de schiste et on est loin de la phase d'exploitation», a-t-il déclaré, soulignant que l'Algérie n'a pas encore terminé l'évaluation des techniques et que «rien n'est décidé au plan de l'exploitation». Le ministre de l'Energie a pris le soin de souligner que le Premier ministre a raison quand il a dit qu'on est encore à la phase d'évaluation. Alors que la contestation sur les gaz de schiste montait crescendo, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a été contraint de rompre le silence et de réajuster les choses sur ce dossier. «L'exploitation du gaz de schiste n'est pas du tout à l'ordre du jour du gouvernement algérien», a assuré M.Sellal dans un message posté sur sa page Facebook, vendredi 16 janvier. «Le gouvernement n'a délivré aucune autorisation du gaz de schiste en Algérie», a-t-il ajouté. Hier c'était au tour de M.Yousfi de s'aligner sur cette position, alors que quelque temps auparavant, il développait un autre discours. Le 8 janvier, le ministre de l'Energie s'est rendu à In Salah, pour discuter directement avec les contestataires qui dénonçaient l'exploitation du gaz de schiste. Face aux citoyens, M.Yousfi, a rappelé qu'il s'agit «de la sécurité énergétique du pays» et de sensibiliser l'assistance sur «la nécessité d'être solidaire du reste des Algériens et penser aux générations futures, dont l'avenir est entre nos mains». Faisant allusion à la chute des prix du baril, il a rappelé que «aujourd'hui, il y a une bataille mondiale autour de l'énergie et vous connaissez les conséquences négatives sur notre pays». Plus explicite, il ajoute: «Les ressources conventionnelles ne suffisent plus. On n'a pas de gaz. On aimerait trouver six ou sept puits comme Hassi Messaoud, mais on n'en a pas trouvé.» Le ministre est rentré bredouille et le mécontentement n'a fait que s'accentuer, quand quelques jours plus tard, le président-directeur général de la Sonatrach, Saïd Sahnoune,a souligné sur les ondes de la radio Chaîne III que l'exploitation du gaz de schiste est «une décision incontournable». M.Sahnoune explique cette décision par le souci d'accroître, de renforcer et de diversifier la base des réserves d'hydrocarbures du pays «pour assurer, dit-il, l'approvisionnement du marché intérieur sans éroder la valeur de nos exportations». En plus des membres du gouvernement, des partis politique, comme le RND, le FLN et le PT ont pris le relais dans le cadre d'une campagne d'explication. De même que le FFS a envoyé une délégation de parlementaires pour discuter avec les populations sans compter que la présidence de la République a également dépêché une délégation pour prendre langue avec les contestataires. Dimanche dernier, c'était le directeur général de la Sûreté nationale (Dgsn), le général-major Abdelghani Hamel, qui s'est rendu à In Salah officiellement pour inspecter des unités opérationnelles de la Sûreté nationale, mais chemin faisant, il a pris langue avec les notables de la région et abordé longuement la question du gaz de schiste. Il a d'ailleurs rencontré au salon d'honneur de l'aéroport d'In Salah, un groupe de citoyens qui ont soulevé des préoccupations liées à la question du gaz de schiste, a ajouté M.Boudalia. M.Abdelghani Hamel a souligné, à cette occasion: «Tout ce qui a été dit lors de cette rencontre de proximité, entrant dans le cadre de l'action de police de proximité, sera soulevé aux instances gouvernementales concernées et aux hautes autorités du pays», a affirmé le même responsable. Avec un pareil redéploiement du personnel politique, il faut dire que le problème est très sérieux. Et il faut avouer aussi que des têtes vont tomber, à cause justement de la gestion catastrophique de ce dossier. Les résultats seront connus dans les tout prochains jours, nous indique une source gouvernementale.