Il est à craindre que le projet d'édification du Maghreb arabe ne reste un espoir illusoire tant que le conflit sahraoui n'est pas réglé. «La solution des problèmes auxquels fait face le Maghreb arabe réside dans la mise en oeuvre d'une vision claire et judicieuse qui prenne en compte les exigences de l'avenir». C'est en ces termes que le président de la République a réaffirmé la disponibilité de l'Algérie quant à la construction du grand Maghreb arabe et à établir des «relations plus fortes avec le royaume du Maroc frère» dans un message adressé à l'occasion de la commémoration à Oran, du double anniversaire du 20 Août, et lu par le ministre des Moudjahidine, M.Mohamed Chérif Abbas. Une disponibilité déjà affichée par le chef de l'Etat dans un message adressé au souverain marocain, Mohammed VI, à l'occasion du 5e anniversaire de son accession au trône.«Je voudrais réitérer à votre majesté mon souci permanent de poursuivre notre action commune pour raffermir les liens de fraternité, de bon voisinage, de solidarité et de coopération afin de jeter les bases indispensables à la consécration de relations bilatérales exemplaires», avait déclaré M.Bouteflika. «La solution des problèmes auxquels fait face le Maghreb arabe réside dans la mise en oeuvre d'une vision claire et judicieuse qui prenne en compte les exigences de l'avenir» a, en outre, souligné M.Abdelaziz Bouteflika. Revenant sur la question sahraouie, le président de la République a réitéré l'attachement d'Alger au droit international et au droit pérenne des peuples à l'autodétermination, et souligné «le Maghreb arabe ne peut atteindre ses objectifs et réaliser son intégration tant que le processus de décolonisation au Sahara occidental ne sera pas conforme aux résolutions des Nations unies et du Conseil de sécurité relatives à cette question». Le message du président ne souffre aucune équivoque et se veut également une mise au point à toute tentative de remise en cause des engagements de l'Algérie par rapport à l'ONU, en tout cas pour ce qui concerne le Sahara occidental. Dans un message envoyé le 3 août au secrétaire général de l'ONU, M.Bouteflika a rappelé son soutien au plan Baker pour le Sahara occidental, en soulignant notamment son attachement à un référendum d'autodétermination, solution rejetée par le Maroc, qui a annexé cette région en 1975. Le président de la République a, par ailleurs, exprimé sa conviction que «la solution du conflit du Sahara occidental réside dans le strict respect de la charte des Nations unies, notamment en ce qui concerne le droit des peuples a l'autodétermination, sans porter atteinte à leur dignité». Dans ce message très clair, Bouteflika met, ainsi, un terme à l'équivoque que d'aucuns entretenaient sur les tenants de l'affaire sahraouie et, plus singulièrement, la position de l'Algérie sur la décolonisation du Sahara occidental en rétablissant les faits tels que consignés par les plans de paix de l'ONU, notamment le plan Baker rejeté par le Maroc. Cette cinglante réplique du chef de l'Etat intervient au moment propice pour mettre un terme aux atermoiements des uns et des autres, mais surtout se veut une réponse au ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération, Mohamed Benaissa, qui a affirmé dans un entretien accordé jeudi à la presse marocaine que «toute négociation avec le ´´Polisario´´ conduirait à la balkanisation de l'Afrique et que le Maroc ne peut entreprendre une action qui pourrait encourager les mouvements sécessionnistes puisqu'il ne s'agit pas seulement du ‘‘Polisario''». Pour Abdelaziz Bouteflika la construction du grand Maghreb arabe ne saurait se faire sans le processus de décolonisation au Sahara occidental tel que soutenu, de tout temps, par l'Algérie et l'ONU. Cependant tant que les parties en conflit campent, chacune sur sa position, il est à craindre que le projet d'édification du Maghreb arabe tel que souhaité par les peuples de la région ne reste un espoir illusoire tant que le problème du Sahara occidental n'est pas traité par chacune des parties concernées ou intéressées, conformément aux principes consignés dans la Charte des Nations unies et tant que ce conflit de décolonisation ne trouve pas son règlement par la mise en oeuvre des résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité de cette même organisation.