Au moins 15 civils ont été tués hier dans des bombardements au lance-roquettes multiples Grad à Marioupol, première attaque contre ce port stratégique et dernière grande ville de l'Est séparatiste contrôlée par Kiev. Cette ville industrielle d'un demi-million d'habitants située sur les bords de la mer d'Azov et dont la conquête créerait un pont terrestre entre la Russie et la Crimée, a été jusqu'à présent à l'abri de combats qui éclataient sporadiquement à ces environs. Un soldat ukrainien a été tué et un blessé dans des tirs visant des barrages ukrainiens aux environs de Marioupol, a par ailleurs indiqué l'état-major des forces armées ukrainiennes dans un communiqué. L'attaque sanglante contre un quartier densément peuplé qui survient quelques jours après l'abandon par l'armée ukrainienne de l'aéroport de Donetsk, site hautement symbolique, marque un tournant psychologique dans le conflit qui a fait plus de 5000 morts en neuf mois. «Quinze personnes ont été tuées et 46 blessées dont une fillette de 12 ans», a indiqué le ministère ukrainien de l'Intérieur dans un communiqué. Le précédent bilan communiqué par les autorités locales faisait état de dix morts. Sur des photos disponibles sur les sites locaux, on voit le feu et de la fumée noire s'élever au dessus d'un quartier densément peuplé. L'armée ukrainienne a indiqué qu'il s'agissait de «tirs rebelles au lance-roquettes multiples Grad sur le faubourg est de Marioupol» et que des maisons avaient été détruites. Un marché a été touché, selon la mairie. «Les rebelles n'ont pas besoin de la paix, ils exécutent les ordres du Kremlin pour une escalade de la situation dans le Donbass», bassin minier en proie depuis avril à une rébellion armée russophone, a déploré l'armée. Le secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense Olexandre Tourtchinov a déclaré hier que le président russe Vladimir Poutine était «personnellement responsable» du drame. Bien que le dirigeant de la république autoproclamée de Donetsk Alexandre Zakhartchenko ait promis la veille de conquérir toute la région de Donetsk dont fait partie Marioupol, les rebelles ont nié hier leur responsabilité de ces tirs. «Les combattants n'ont pas ouvert le feu sur Marioupol, sans parler de quartiers habités», a indiqué l'agence de presse officielle de la république autoproclamée de Donetsk en citant un «responsable militaire» des séparatistes. Ce responsable a dénoncé «une provocation» des forces de l'ordre de Kiev en soulignant que les rebelles contrôlaient la ville côtière de Novoazovsk située à 40 km à l'est de Marioupol mais qu'ils n'étaient pas sur l'offensive. La mairie de Marioupol a également assuré qu'il ne s'agissait pas pour l'instant d'un «assaut ennemi». «Aucun mouvement militaire n'a été repéré aux environs de la ville», a indiqué la mairie en appelant les habitants à ne pas céder à la panique.