Les combats pour la prise de la ville durent depuis le 5 août dernier. Soixante-dix-sept personnes au moins ont été tuées au cours des dernières 24 heures dans la ville sainte de Najaf, où d'intenses bombardements ont eu lieu jeudi soir, a annoncé vendredi le ministère irakien de la Santé. Outre les tués, 70 personnes ont été blessées, selon un bilan établi par le ministère de la Santé auprès des hôpitaux de Najaf. Ce bilan inclut des civils, des miliciens et des policiers. Les forces américaines ont procédé, dans la nuit de jeudi à vendredi, aux plus violents bombardements sur la ville sainte depuis le début des combats, il y a deux semaines. Cette offensive est intervenue après que le chef radical chiite Moqtada Sadr eut finalement refusé de se plier aux exigences des autorités irakiennes. Il a en effet, ordonné à ses partisans de ne pas déposer les armes et de tenir tête à l'armée américaine. La seule concession qu'a admise Moqtada Sadr consiste à évacuer le mausolée de l'imam Ali, lieu hautement sacré des chiites de par le monde. Par ce geste, le chef radical chiite entend lancer un message à tous les chiites d'Irak quant au respect qu'il voue à ces lieux, espérant par là même s'attirer la sympathie des jeunes, ballottés entre le radicalisme de Sadr et le pacifisme de Sistani. Preuve de son respect aux symboles du chiisme, Moktada veut remettre les clefs de ce lieu saint à la Marjaïya, la plus haute autorité religieuse chiite. Les combats pour la prise de Najaf qui durent depuis le 5 août dernier, ont connu dans la nuit de jeudi à vendredi une notable intensification. Les Américains, appuyés par les forces de sécurité irakiennes ont procédé aux plus violents bombardements depuis le début des combats autour du mausolée et du cimetière, autre place forte des miliciens. Ces bombardements sont intervenus quelques heures après que le Premier ministre irakien, Iyad Allaoui, eut lancé un «dernier appel» aux miliciens pour qu'ils désarment et quittent le mausolée. Cette flambée de violence intervient alors que Ali Sistani, leader charismatique de tous les chiites d'Irak, se trouve actuellement à Londres pour des raisons de santé et Kazem Al Haïri est en Iran. Concernant les menaces d'offensive en cas de refus de désarmer, M.Chaibani, porte-parole de Moktada Sadr a estimé que «ces menaces avaient été dictées par le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, à un gouvernement qui est aux ordres des Américains». Un calme précaire régnait hier matin sur la vieille ville survolée par l'aviation américaine. Les rues étaient désertes et jonchées de douilles. A Bagdad, la situation reste très tendue dans le quartier chiite de Sadr City, où Moqtada Sadr compte de nombreux partisans. Des chars américains ont bloqué vendredi les accès Sud où de violents accrochages ont eu lieu. Depuis jeudi, au moins dix personnes ont été tuées et 79 blessées dans la capitale irakienne et notamment dans ce quartier déshérité, selon un bilan du ministère de la Santé qui inclut civils, miliciens et policiers. Par ailleurs à Falloujah, ville sunnite rebelle à 50 km à l'ouest de Bagdad, deux personnes ont été tuées et onze blessées, dont un enfant, dans des raids aériens américains, ont affirmé des sources médicales. L'armée américaine a, pour sa part, affirmé avoir mené deux raids à Falloujah contre des batteries de défense antiaérienne (DCA) détenues par la guérilla. Dans le nord de l'Irak, un oléoduc reliant la ville de Kirkouk (nord) à la raffinerie de Baïji a été endommagé par une explosion, affectant la distribution locale de pétrole, selon des pompiers de la Compagnie pétrolière du Nord (NOC). Enfin, de toute l'agitation politico-sécuritaire qui a lieu en Irak depuis des mois, les regards des observateurs sont tous tournés vers Najaf où l'on s'attend à l'une des plus dures batailles depuis la chute du régime de Saddam Hussein, d'autant que les Américains ont pris des dispositions qui leur permettent de frapper fort et sans distinction. L'expulsion des journalistes de la ville sainte présage de cet état de fait.