Deux conflits font rage au Darfour et au Burundi. Une situation qui fait craindre une très grave crise humanitaire dans ces deux contrées d'Afrique. Les rebelles des Forces nationales de libération (FNL), à l'origine du massacre de plus de 160 réfugiés congolais tutsis, le 13 août dernier au Burundi, ont accepté de comparaître devant un «tribunal international». Les mis en cause ont préféré cette solution, plutôt que d'avoir à être jugés par le Burundi. «Nous ne nous présenterons jamais devant la justice tutsie du Burundi (...), mais nous sommes prêts à répondre devant un tribunal international», a en effet déclaré le porte-parole des FNL, Pasteur Habimana, qui affiche sa satisfaction de comparaître devant une juridiction internationale pour crime contre l'humanité. Le même porte-parole conditionne, néanmoins son accord par la nécessité de l'établissement d'un «tribunal international qui jugerait tous les crimes commis par les Hutus et les Tutsis dans la région depuis l'indépendance du Burundi», en 1962. Pasteur Habimana et le chef du FNL, Agathon Rwasa, sont sous le coup d'un mandat d'arrêt international, lancé par le Burundi pour «crimes contre l'humanité et crimes de guerre». La tuerie du 13 août a, rappelons-le, provoqué une vague d'indignation internationale et a amené le président sud-africain Thabo Mbeki à appeler le Tribunal pénal international (TPI) à tirer au clair les tenants et aboutissants du massacre de Gatumba. Thabo Mbeki n'a d'ailleurs pas hésité à le comparer aux atrocités commises par les nazis. Le Burundi, petit pays d'Afrique centrale, fait face à une guerre civile qui fait rage depuis 1993. Dominée par la minorité tutsie, l'armée est confrontée à une rébellion, conduite par les Hutus, sous la bannière des FNL, dernier des sept mouvements qui s'opposent au pouvoir central. Au Soudan, l'autre point chaud de l'Afrique, où l'on a également enregistré des massacres, le désarmement des milices progouvernementales au Darfour, pose toujours problème. Le général Abdel Rahim Mohammed Hussein, qui est également représentant personnel du chef de l'Etat dans le Darfour a déclaré, à ce propos, que «le ramassage des armes commencera progressivement par une initiative de réconciliation des tribus entre elles à travers (...) leur participation dans l'administration locale». Cette déclaration contredit quelque peu les propos du général Jamal El-Houerees, directeur de la police du Nord Darfour, qui avait annoncé le désarmement des milices progouvernementales à partir du 12 août dernier. «Les commissions sécuritaire et judiciaire vont commencer la semaine prochaine (à partir du 12 août) l'opération de désarmement des milices incontrôlées au Darfour», avait en effet, affirmé le général Houerees. Depuis, aucune indication n'a été donnée sur le déroulement de l'opération. Au plan politique, c'est demain que les choses sérieuses vont commencer, avec la reprise du dialogue intersoudanais à Abudja. Il est également question de la présentation, le lendemain, d'un rapport au Conseil de sécurité sur la situation humanitaire et sécuritaire dans le Darfour. Ce rapport sera suivi par celui que présentera Kofi Annan devant le même Conseil. Même si la date de présentation de la mouture de Annan n'a pas été décidée, elle est néanmoins très attendue, car c'est sur la base de cette date que des sanctions internationales contre le Soudan seront décidées ou pas. Le dernier rapport, daté de vendredi, du Haut Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), va sans doute peser lourd dans la décision de l'ONU. Il relève l'imminence d'un nouvel exode collectif vers le Tchad voisin, de 30.000 résidents du camp de Masteri. La raison de cet important déplacement des populations tient du fait que ces dernières ne se sentent pas en sécurité à Masteri. Plus de 1,2 million de personnes sont affectées par la crise et la guerre civile a fait entre 30.000 et 50.000 morts depuis son déclenchement il y a 18 mois, selon l'ONU. A cette pression de l'ONU et du HCR, vient s'ajouter les multiples visites d'officiels occidentaux, notamment anglais, hollandais et américains, prévu dans les tout prochains jours au Darfour.