Prenant à bras-le-corps le problème du sud du pays, le chef de l'Etat est sorti hier de sa réserve pour prescrire une nouvelle thérapie pour cette région où le mécontentement était de rigueur durant longtemps. Des mesures spécifiques Présidant un Conseil interministériel restreint, M. Bouteflika a décrété son plan qui se décline en trois grands chapitres. Le premier concerne les mesures spécifiques pour le Sud et les Hauts-Plateaux. Ces mesures concernent la création d'un «grand nombre» de zones industrielles et d'activités, la construction de raffineries d'hydrocarbures, la mise en valeur d'au moins 1 million d'hectares de terres et l'exploitation du gisement de fer géant de Gara Djebilet (1,7 milliard de tonnes de réserves) qui comptent parmi les grands projets prévus pour les cinq prochaines années. Ils s'ajoutent aux mesures fiscales et administratives annoncées en vue de favoriser l'investissement national et étranger dans ces régions vierges mais incontestablement riches en hommes et en moyens, et qui appellent cependant un meilleur cadre de gestion et d'organisation. C'est assurément dans ce sens qu'intervient l'injonction du président de la République au gouvernement d'accompagner la mise en oeuvre du nouveau programme quinquennal de développement d'une «amélioration de la gouvernance locale, en priorité au niveau des wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux». Ces mesures spécifiques devraient ainsi s'ajouter aux grands objectifs déjà fixés pour le Sud dans le Plan national de développement 2015-2019 en vue d'élargir la base économique de ces régions et de multiplier ainsi les chances d'emploi et de logement pour la population active locale, notamment les plus jeunes, ainsi que l'amélioration du niveau de vie général. Le président de la République a particulièrement insisté sur l'aspect sécuritaire que vit cette partie du pays. «En nous penchant spécifiquement aujourd'hui sur le développement dans les wilayas du Sud, nous tenons à souligner la mobilisation politique, sécuritaire et économique que l'Etat consacre à cette partie de notre Patrie, dont le voisinage connaît malheureusement une instabilité dangereuse, y compris pour la sécurité de notre propre pays» a relevé le chef de l'Etat. L'importance des efforts que l'Etat entend continuer à engager dans le Sud et les Hauts-Plateaux dans le cadre du nouveau plan quinquennal a été mis en évidence par ce même Conseil restreint. Ces efforts visent aussi l'amélioration des conditions de scolarité, y compris en développant la formation des enseignants localement, le renforcement de la couverture de santé publique, l'intensification de la réponse à la demande de logement par l'appui à l'autoconstruction de logements sociaux et ruraux. Par ailleurs, les wilayas du Sud et des Hauts-Plateaux bénéficieront d'un appui au développement et à la diversification de leur potentiel économique ainsi qu'à l'augmentation de l'offre d'emploi localement. A ce titre, les capacités de formation professionnelle seront renforcées et adaptées aux besoins spécifiques de l'économie locale, notamment dans les secteurs des hydrocarbures, des mines et du tourisme. De nouvelles wilayas déléguées La même logique d'urgence semble avoir guidé la décision annoncée par le chef de l'Etat de créer dans les wilayas du Sud, avant l'été, des wilayas déléguées «aux moyens renforcés et aux compétences élargies» en vue de rapprocher davantage l'administration du peuple. Les wilayas déléguées pressenties sont notamment El-Meneaa (wilaya de Ghardaïa), In Salah (Tamanrasset) et Touggourt (Ouargla). S'agissant des Hautx-Plateaux, seront élevées au rang de wilayas déléguées, Frenda (Tiaret) et El Eulma (Sétif).Le découpage administratif avait été un des thèmes de campagne du président Bouteflika lors de la présidentielle de 2014. Abdelmalek Sellal, en sa qualité de directeur de campagne du candidat Bouteflika, avait déclaré à partir de plusieurs wilayas du pays, lors de la campagne électorale pour la présidentielle 2014, que plusieurs daïras dans le Sud et les Hauts-Plateaux étaient concernées par ce nouveau découpage. Il avait souligné que le nouveau découpage administratif était devenu une «nécessité» exigée par de nombreux facteurs. Le découpage administratif avait été déjà recommandé lors des Assises nationales sur le développement local, organisées en 2011 par le Conseil national économique et social (Cnes). Au terme de plusieurs consultations au niveau régional, il a été recommandé d'aller vers un découpage administratif à même de booster le développement local notamment. La plate-forme de ces recommandations avait été soumise au président de la République et introduite dans le programme national des réformes initiées par le chef de l'Etat. Associer davantage la société civile Pour être plus à l'écoute des populations de ces régions, le président a également instruit le gouvernement d'associer davantage la société civile à la conception et au suivi du développement local, de manière à donner du sens et du contenu à la notion de «démocratie participative». Le gouvernement est enfin instruit par le premier magistrat du pays de faire dans la communication intelligente pour mieux vulgariser ce qu'il entreprend comme mesures d'incitation à l'investissement dans ces régions vitales pour tout le pays et surtout de mieux expliquer à leurs habitants le sens et les conséquences des différentes initiatives publiques prises en leur faveur. Les enjeux du gaz de schiste Abordant le dossier du gaz de schiste, le chef de l'Etat a instruit le gouvernement à plus de communication envers les populations. sur les réalités, les enjeux et la portée des actions qu'il initie dans tous les domaines. Citant à titre d'exemple les incompréhensions et les inquiétudes suscitées par les essais préliminaires dans le domaine du gaz de schiste, le président de la République a demandé la poursuite des explications en direction de la population locale et de l'opinion publique en général, notamment pour faire savoir que les forages tests initiés à In Salah, seront achevés à très brève échéance, et pour confirmer aussi que l'exploitation proprement dite de cette énergie nouvelle n'est pas encore à l'ordre du jour. Le chef de l'Etat a précisé aussi que si l'exploration de ces nouvelles ressources nationales en hydrocarbures s'avère une nécessité pour la sécurité énergétique du pays à moyen et long terme, le gouvernement devra cependant veiller avec fermeté au respect de la législation par les opérateurs concernés, pour la protection de la santé de la population et la préservation de l'environnement. Le gouvernement a également été chargé d'initier des débats transparents, avec la participation de compétences reconnues, pour permettre à chacun de mieux comprendre les données relatives aux hydrocarbures non conventionnels qui sont une réalité et une richesse nouvelles de notre pays.