Au vu de la situation en Ukraine, la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini a décidé de convoquer pour demain une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE. L'Union européenne a menacé hier la Russie de nouvelles sanctions, en dénonçant sa «responsabilité» dans la «détérioration de la situation dans l'est de l'Ukraine», notamment après l'attaque meurtrière contre la ville portuaire de Marioupol. Dans un communiqué, les chefs d'Etat et de gouvernement européens demandent à leurs ministres des Affaires étrangères, qui se réuniront demain à Bruxelles, «d'évaluer la situation et d'envisager toute action appropriée, en particulier de nouvelles sanctions». «L'objectif est une mise en oeuvre rapide et complète des accords» de paix de Minsk, signés en septembre mais restés largement lettre morte. «Nous, nous saisirons de la question» lors de notre prochain sommet le 12 février, ajoutent les dirigeants des 28, dans cette rare prise de position commune. Ils dénoncent «un soutien continu et accru donné par la Russie aux séparatistes, qui souligne la responsabilité de la Russie». «Nous appelons instamment la Russie à condamner les actions des séparatistes et à mettre en oeuvre les accords» de paix de Minsk, ajoutent-ils. Ils expriment leur «préoccupation concernant la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'est de l'Ukraine» et «condamnent la mort de civils dans des bombardements aveugles de la ville de Marioupol». Une attaque à la roquette des séparatistes pro-russes sur cette ville a fait 30 morts samedi. Marioupol est la dernière grande ville de l'est séparatiste sous contrôle de Kiev, et sa conquête ouvrirait un corridor entre la Russie et la Crimée. Les rebelles ont lancé une nouvelle offensive ces derniers jours, s'emparant notamment le 22 janvier de l'aéroport de Donetsk. Huit civils ont été tués dans cette ville dans le bombardement d'un arrêt de trolleybus. Neuf soldats ont encore été tués et 29 autres, blessés, au cours des dernières 24 heures dans les combats, a annoncé hier un porte-parole militaire ukrainien. Au vu de cette situation, la représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini a décidé de convoquer pour demain une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'UE. «Cette escalade va inévitablement provoquer une grave détérioration des relations entre l'UE et la Russie», a-t-elle averti. Mme Mogherini avait été critiquée la semaine dernière pour avoir suggéré un assouplissement de la position européenne vis-à-vis de la Russie. Dans un document de travail, elle avait évoqué une «différenciation» des sanctions entre la Crimée annexée et l'est de l'Ukraine, dans le cadre d'une politique de «réengagement» avec la Russie. Ce document a suscité une levée de boucliers des pays adeptes d'une ligne dure face à Moscou, au premier rang desquels les pays baltes et la Pologne. «Une fois encore, l'apaisement a encouragé l'agresseur à de plus grands actes de violence», a lancé samedi le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, après l'attaque de Marioupol. «Le temps est venu d'intensifier notre politique en la fondant sur des faits, non sur des illusions», a-t-il ajouté sur son compte Twitter.