Paru aux Editions «El Amel» de Tizi Ouzou, L'arbre infortuné est le premier roman d'une jeune fille de vingt-cinq ans qui a décidé de dire ce qui est souvent tu dans notre société. Le roman est largement autobiographique avec quelques bribes d'imagination. Tout au long des 136 pages du livre, Hanane Bouraï raconte et décrit le quotidien d'une femme qui est partie travailler dans un village en haute montagne. La solitude est d'abord le premier écueil auquel doit faire face le personnage principal avant de tomber de plain-pied dans les serres de l'amour. Hanane Bouraï s'est inspirée de sa propre vie et de son propre parcours mais aussi de la trajectoire de ses amies femmes en quête de modernité dans un environnemment souvent hostile à l'égard de la femme. L'auteure choisit le prénom de Hayet et la profession de journaliste-correspondante à son personnage principal. Cette dernière est chargée par l'organe de presse pour lequel elle travaille de recueillir des informations tout au long de plusieurs mois dans un village kabyle en haute montagne, qui est souvent en proie à la neige et aux intempéries. Le fait que Hayet soit une jeune fille volant de ses propres ailes n'est pas du goût de certains hommes s'autoproclamant gardiens du temple. Hayat doit donc affronter des foudres de toutes sortes et essuyer des revers sentimentaux. L'auteure raconte toutes ces pérégrinations du coeur dans son premier roman qui ne sera sans doute pas le dernier. Les histoires d'amour se succèdent mais ne se ressemblent pas. La jeune auteure braque les projecteurs sur le mode de vie des jeunes d'aujourd'hui avec les tentations de modernité que font miroiter les moyens de communication et de télécommunication, d'aujourd'hui mais aussi avec le poids des traditions qui demeurent malgré tout extrêmement ancrées, notamment dans les villages reculés et dans les mentalités. Cet esprit arriéré est d'autant plus coriace et a la peau dure quand il est question de la liberté de la femme et de son autonomie. Ce sont toutes ces contradictions que Hanane Bouraï tente de décordiquer en se racontant avec un style humble. Anglophone (l'auteure est professeure d'anglais), Hanane Bouraï aurait pu écrire son livre dans la langue de Charles Dickens. Elle aurait également pu le faire en arabe ou en tamazight, mais elle a opté pour la langue française car c'est dans cette langue qu'elle se sent le plus à l'aise. C'est parcequ'elle aime lire en français qu'elle a choisi d'écrire en français. Hanane Bourai vit et travaille dans la wilaya de Tizi Ouzou où elle continue à titiller sa plume car, dit-elle, elle ne veut pas s'arrêter en si bon chemin. L'aventure de l'écriture romanesque la tente toujours. C'est une thérapie avant d'être une passion, confie-t-elle. Car comment supporter le poids des jours sans les mots qui apaisent la douleur et revigorent le coeur? Hanane Bouraï compte aller loin même si elle n'ignore pas que le chemin de l'écriture littéraire est sinueux et plein d'épines. Hanane Bourai connait cette réalité. Mais, précise-t-elle, pour pouvoir persévérer, elle continuera à s'inspirer de ses écrivains préférés à l'image du Brésilien Paulo Coelho, du Marocain Tahar Ben Jelloun et de l'Algérien Yasmina Khadra.