L'Algérien disputera ce soir la finale du 1500 m, sans aucun complexe. Il a fait chaud à Athènes dimanche. Depuis le début des jeux, ce fut, peut être, la journée où le mercure est monté le plus haut. La presse a annoncé une température de 35 degrés mais à l'ombre. Au soleil, on devait, certainement, avoisiner les 50 degrés. Imaginez alors le calvaire de ces dames et demoiselles engagées dans le marathon de leur catégorie, obligées de courir sous un soleil de plomb, cela même si la compétition a démarré à 18h00. Elles étaient 82 à prendre le départ. A l'arrivée, il n'y en a eu que 66 à terminer la course. Les organismes en ont pris un sacré coup et les abandons se sont accumulés parmi ces derniers, celui de Paula Radcliffe, la Britannique, recordwoman du monde de la spécialité et qui dut quitter la course avant la ligne d'arrivée. On citera, également, l'Algérienne Nasria Azaïdj forcée de s'arrêter définitivement au bout de 21 km de course. Par contre, la japonaise Mizuki Noguchi a su adapter son organisme et sa physiologie aux conditions climatiques tout en y ajoutant un certain talent pour passer en tête la ligne d'arrivée de cette éreintante épreuve dans le temps de 2h 26min 20sec. Exploit historique pour Gatlin Le stade Olympique a, quant à lui, affiché complet. Du reste, les Grecs se sont pris à ces jeux et les compétitions sont suivies par un nombreux public. Il faut dire aussi que dimanche soir, c'était le jour de l'épreuvet reine de l'athlétisme, le 100 m messieurs et les organisateurs ont su entourer cette course de l'ambiance adéquate. Elle a eu lieu tard dans la soirée puisque le coup de starter a été donné à 23h10 et entre la fin de la dernière épreuve de cette journée et cette course mythique, il s'est écoulé plus d'une vingtaine de minutes passées au rythme de la musique grecque dont celle du fameux sirtaki et de la danse de Zorba le Grec. Pendant ce temps, les finalistes étaient sur la piste, devant leurs starting-blocks, piaffant d'impatience comme des étalons non dressés à l'image de Maurice Greene qui n'arrêtait pas d'aller et de revenir, se passant plusieurs fois la langue sur les lèvres et se donnant des coups sur la poitrine pour se motiver. Avec les deux écrans géants, placés de chaque côté du stade et qui passaient les images en live, le spectacle prenait l'allure d'un grand show. Le plus étonnant est qu'aucun de ces finalistes, placés sur des charbons ardents, ne commit de faux départ et le premier coup de starter fut le bon. Et la course a été à la mesure de la mis en scène qui l'avait précédée, puisqu'elle fut l'une des plus rapides de l'histoire de l'athlétisme avec les quatre premiers au dessous des 9''90. Depuis celle des jeux de Moscou en 1980, jamais, une finale du 100 m n'a été aussi serrée. Et elle a permis à l'Américain Justin Gatlin de rentrer dans l'histoire pour avoir coiffé sur le poteau ses sept autres adversaires en 9'' 85. Il avait pourtant pris un départ moyen avec un temps de réaction médiocre, étant devancé, entre autres, par le champion du monde en titre Kim Collins. Mais à mi-course, Gatlin sut trouver l'énergie nécessaire pour monter en puissance et prendre la tête jusqu'au finish. A l'arrivée, il précédait le Portugais et ex-Nigerian Obikwelu et son compatriote Maurice Greene qui ratait de la sorte, son pari de remporter un second titre olympique de la distance de suite. Le champion du monde, Collins, se contenta, quant à lui, de la 6e place en 10 secondes justes alors que celui qui passait pour le favori de l'épreuve, celui qui avait réalisé le meilleur temps des demi-finales, le Jamaïcain, Powell, ne termina qu'en 5e position. Comme quoi, il ne suffit pas de bénéficier des pronostics, il faut, aussi, être exact au rendez-vous à l'heure fixée. Malgré un temps de réaction meilleur que celui de Gatlin, Powell a été débordé pour rater même une place sur le podium. Et puis pour nous Algériens, cette soirée de dimanche, nous a permis d'enregistrer la qualification de Kamel Boulahfane à la finale du 1500 m messieurs qui aura lieu aujourd'hui à 23h40 locale (21h40 en Algérie). Une magnifique consécration pour l'enfant de Jijel qui, il y a quatre ans, à Sydney, avait dû quitter l'épreuve au stade des demi-finales. Engagé dans la deuxième demi-finale dimanche soir, il sut mener sa course comme il convient, toujours au milieu du peloton mené le plus souvent par le champion du monde de la spécialité, le Marocain El Guerrouj. Lorsque celui-ci accéléra à l'entame du dernier tour, Boulahfane ne céda pas et persista dans son effort. A 200 m de l'arrivée, on le vit hésiter et l'on pensa que c'était fini pour lui. Or, il redoubla d'énergie et vint, sur le fil, décrocher une méritoire 5e place en 3:41.27, synonyme de qualification pour la finale, pour valoriser sa performance. On soulignera que les Espagnols Fernandez et Higuero ainsi que le Marocain Baba, qui étaient alignés dans sa course ont été éliminés. Rencontré dans la zone mixte, Boulahfane nous indiquera que cette qualification est le fruit d'années de labeur. «Je me sentais bien, nous a-t-il dit. Je me savais capable de passer ce cap. Maintenant que je suis en finale, je ne me dis pas que l'essentiel a été accompli. Je participerai à cette course sans complexe et j'essaierai d'y mettre toute la force que j'ai en moi. Je ne ferai pas partie des favoris mais je ne serai pas ridicule». Prié de nous dire le pourquoi de son hésitation de fin de course, l'Algérien nous montrera sa cheville droite marquée d'une estafilade ensanglantée. «J'essayais de prendre l'extérieur lorsqu'un coureur m'a marché sur le pied et a planté une de ses pointes sur la cheville. J'ai ressenti une énorme douleur mais j'ai quand même trouvé assez de ressources pour remonter la pente et finir 5e». Boulahfane est d'autant plus heureux qu'il est passé par de pénibles moments, l'hiver dernier, lorsqu'il a dû passer sur le billard pour se faire opérer d'une hernie inguinale, une opération qui l'a empêché de prendre part à de nombreuses compétitions. Est-ce la bonne pour El Guerrouj? Aujourd'hui, en finale, la lutte pour la médaille d'or risque d'être une explication maroco-kenyane, avec en toile de fond, la tentative de Hicham El Guerrouj de décrocher le seul titre qui manque à son incroyable panoplie. Réussira-t-il à décrocher l'or olympique? Sur ce qu'il a montré jusqu'à présent, il en est le grandissime favori. Mais à Sydney, il y a quatre ans, il l'était aussi avant de perdre devant le Kenyan Ngeni. Aujourd'hui, il aura, à ses côtés, son compatriote Kaouche qui, un soir d'août 1999 à Séville en Espagne, aux championnats du monde, lui avait servi de lièvre en finale et lui permit de décrocher le titre. Nul doute que les Marocains vont rééditer l'expérience mais ils auront à tenir compte de la participation d'un trio kenyan mené par Bernard Lagat et l'on sait que les athlètes de ce pays savent s'entraider et mener une course d'équipe lorsqu'il s'agit de disputer une finale. El Guerrouj ira vers le sacre s'il sait faire sauter le verrou kenyan. Il semble concentré sur son sujet puisque à l'issue de sa demi-finale victorieuse, il a immédiatement regagné les vestiaires sans accorder la moindre interview à nos confrères, mêmes Marocains. Ce sera, en tout cas, la grosse énigme de cette finale qui clôturera la soirée. Il y a eu, dimanche, un autre Algérien engagé dans le 1500 m en la personne de Tarek Boukensa, aligné dans la première demi-finale. L'aventure a été moins souriante pour lui puisque, au bout de 1000 m de course, pris au milieu du peloton, il fut accroché et tomba. Dès lors, les dés étaient jetés pour lui et il ne lui resta plus qu'à abandonner. Une terrible désillusion pour ce garçon qui disputait ses premiers jeux Olympiques. Enfin, ce mardi verra l'entrée en lice des compétiteurs de la lutte gréco-romaine dans la salle du gymnase olympique d'Ano Liossia qui avait accueilli les judokas. L'Algérie y sera représentée dans la catégorie des 55 kg par Samir Benchenaf dont on ne connaissait pas le premier adversaire hier en début d'après-midi. Le vice-champion d'Afrique de la catégorie essaiera de tirer son épingle du jeu sachant que le tournoi rassemble ce qui se fait de mieux à l'échelle planétaire.