L'embuscade, mûrement préparée, démontre que le groupe terroriste n'a pas perdu son pouvoir de nuisance. Le Gspc a, une nouvelle fois, frappé aux portes de la capitale. Encore plus meurtrière, cette organisation terroriste d'obédience salafiste a signé un énième acte sanglant dans la nuit de lundi à mardi, non loin du centre-ville de Thénia, à 10 km à l'est de Boumerdès. En effet, un groupe terroriste composé d'une trentaine d'éléments, selon nos sources, a fait une incursion durant cette nuit-là après la prière de l'aïcha, dans l'agglomération de Tamsaout, jouxtant un maquis pour tendre une embuscade à des patrouilles de l'ANP et de la Bmpj (Brigade mobile de la police judiciaire). Bombes artisanales, heb-heb et violents accrochages s'en sont suivis. Sept éléments des services de sécurité assassinés et 14 autres grièvement blessés, tel est le bilan terrifiant de cette action terroriste armée qui a replongé ce soir-là, les riverains dans la psychose. Selon des témoignages recueillis sur place, tout a commencé aux environs de 22h. Un groupe terroriste composé d'une dizaine d'éléments a fait irruption, à cet instant précis, dans le douar de Tamsaout. Là, les terroristes ciblèrent le local d'un particulier où des jeunes jouaient au baby-foot. Après avoir sommé ces derniers de quitter les lieux, ils incendièrent le local et firent exploser plusieurs bouteilles Molotov. Ce fut, apparemment, analyse-t-on, la première phase d'un traquenard diaboliquement planifié par ces sanguinaires contre les forces locales de sécurité. Alertées par les détonations, des patrouilles militaires et policières ont fait mouvement en direction de cet endroit. Le convoi des forces combinées de sécurité, 2 Nissan de la Bmpj, une Jeep et un autre véhicule militaire, est violemment stoppé juste à l'entrée de l'agglomération précitées, en contrebas du cimetière Abada, par les assaillants qui se sont scindés en plusieurs groupuscules, tous positionnés derrière un monticule boisé. Les terroristes actionnent deux heb-heb (mortiers artisanaux) et font exploser presque simultanément deux autres bombes artisanales. Deux éléments de la Bmpj sont calcinés. Pris sous les feux nourris des terroristes, cinq autres militaires, dont un officier supérieur, ont, eux aussi, trouvé la mort. En outre, treize autres éléments des services de sécurité sont grièvement blessés. Un adolescent de 17 ans, répondant au nom de Zitouni, qui passait par là, à cet instant précis, fut lui aussi touché aux jambes par les rafales des terroristes. Grièvement blessé, il a été évacué en même temps que les autres vers l'hôpital militaire d'Aïn Naâdja. D'autres renforts des forces de sécurité entrent en action. La course-poursuite est engagée sur une distance d'un kilomètre, et l'accrochage a duré, a-t-on précisé, près de trois quarts d'heure. L'intervention des forces locales de sécurité aura permis, tout au moins, a-t-on ajouté, d'empêcher ce groupe terroriste de récupérer les armes des militaires et des policiers qu'il a assassinés. Les victimes furent aussitôt évacuées vers l'hôpital de Thénia. Et juste après, treize blessés, dont l'état est jugé critique, ont été transférés vers la structure sanitaire spécialisée d'Aïn Naâdja à Alger. Hier, aux environs de 11h, on constatait un important redéploiement des forces de l'ANP, au niveau du périmètre endeuillé. On remontait d'un petit ravin, un véhicule militaire de type Fahd. Paniqué à la suite de l'attaque terroriste, son conducteur a, dit-on, dérapé. Des douilles, des morceaux de fer, des clous et des traces de poudre noire (utilisés par les terroristes dans la fabrication de leurs engins meurtriers) jonchent la chaussée à différents endroits. La wilaya de Boumerdès, déjà endeuillée, durant ces trois dernières semaines, par plusieurs attentats ayant coûté la vie à cinq personnes et blessé plus d'une dizaine d'autres, subit l'acharnement des hordes islamistes armées. Le renforcement du dispositif sécuritaire n'a pas empêché que recommence l'horreur. Selon les observateurs locaux de la scène sécuritaire, on est en face d'une organisation sanguinaire qui veut relancer sa stratégie de la terreur en s'appuyant en premier lieu sur ses réseaux qui lui fournissent des renseignements sur les faits et gestes des forces de sécurité. On craint une redescente aux enfers, si l'on ne redouble pas de vigilance. C'est lorsqu'on pense que les terroristes sont affaiblis, que ces derniers frappent. «Plus de place au leurre», clame-t-on maintenant à Thénia.