L'Algérie à la rescousse du baril Sellal se chargera des chefs d'Etats africains, Louh en éclaireur en Arabie saoudite et Yousfi s'est rendu en Azerbaïdjan. Face à la crise pétrolière, il n'y a pas que des mesures d'austérité. En plus de la rationalisation des dépenses, l'Algérie doit faire valoir son action diplomatique pour maintenir un certain équilibre des prix du baril. C'est ainsi que le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, remettra des lettres à des chefs d'Etat de pays membres de l'Association des producteurs de pétrole africains (Appa). Il s'agit du Nigeria, du Gabon, de l'Angola, du Congo et de la Guinée équatoriale. Le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, s'est rendu en Azerbaïdjan, importante puissance pétrolière régionale du Caucase, où il a été reçu par le président de l'Azerbaïdjan, Ilhem Aliyev, à qui il a remis un message du président Abdelaziz Bouteflika portant notamment sur la situation du marché pétrolier mondial. M.Yousfi a aussi rencontré le ministre de l'Industrie et de l'Energie de l'Azerbaïdjan, Natig Aliyev, pour échanger des points de vue sur la situation actuelle du marché pétrolier caractérisé par la chute drastique des prix, et son impact négatif sur les revenus des pays exportateurs, nécessitant un dialogue continu entre tous les pays concernés. Au même moment, le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, a, lui aussi, été reçu, à Riyadh, par le prince héritier saoudien, à qui il a été remis un message du président Bouteflika adressé au roi Selman Ben Abdelaziz. Une autre rencontre a regroupé, hier, dans la capitale saoudienne, M.Louh avec le ministre saoudien du Pétrole, Ali Ben Ibrahim Nouaimi, au cours de laquelle a été évoquée, notamment la question de l'effondrement des cours du pétrole. Les initiatives menées par l'Algérie pour trouver une plate-forme consensuelle à même d'enrayer la chute des cours du brut se multiplient en direction des pays producteurs de pétrole, y compris ceux non membres de l'Opep. Face au rejet persistant de certains membres de l'Opep de tenir une réunion urgente destinée à redresser les prix du brut, l'Algérie a entamé une démarche visant à organiser une concertation avec les pays membres et non membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) pour dégager un consensus pour une maîtrise des cours des hydrocarbures. Pour des observateurs avertis, la réception accordée par le président Bouteflika, à Alger au diplomate et ancien ministre des Affaires étrangères, Lakhdar Brahimi, s'inscrit dans ce sens. Jouissant d'une grande confiance auprès des pays du Golfe et il a notamment l'oreille du Royaume d'Arabie saoudite, M.Brahimi peut agir auprès d'eux. Ces derniers, ont rejeté l'option d'une intervention de l'Opep pour corriger le déséquilibre du marché pétrolier mondial, estimant que le marché finirait par se stabiliser tôt ou tard et écartant la tenue d'une réunion d'urgence de l'Opep. Alors que le plafond de production est le principal outil de l'Opep pour réguler l'offre pétrolière mondiale, l'Arabie saoudite a décidé pour la première fois, en près de 20 ans, de poursuivre la stratégie des parts de marché. Son ministre du Pétrole, Ali Al-Nouaïmi, a même affirmé que l'Opep n'allait pas réduire sa production même si les prix tombent à 20 dollars le baril, réitérant son intransigeance à défendre la part de marché de son pays. Il se peut que le diplomate Algérie soit chargé de cette délicate mission de faire fléchir le roi du pétrole. Ces consultations au plan international, font suite aux actions menées par le Venezuela qui partage les options de l'Algérie dans ce sens et a mené plusieurs rencontres de concertation avec ses alliés politiques et économiques. A l'occasion de la visite à Alger, en janvier dernier, du président vénézuélien, Nicolas Maduro, les deux pays avaient convenu d'une plus grande coordination de leurs efforts face à la forte chute des cours du brut. Il s'agit de réunir les conditions d'un assainissement de la situation du marché pétrolier mondial et d'une rémunération adéquate des exportations de pétrole. Les deux pays ont souligné le rôle important dévolu à l'Opep comme force stabilisatrice des prix du pétrole pour corriger le déséquilibre prévalant sur le marché mondial des hydrocarbures, qui affecte les perspectives de développement des pays du Sud. En outre, cette même situation était au menu des discussions entretenues à Moscou par M.Maduro et son homologue russe, Vladimir Poutine.