La pénurie a démarré à l'Est Des chaînes interminables se forment devant les stations-service, les automobilistes se réveillent aux aurores avant de passer plusieurs heures à attendre dans l'espoir d'avoir quelques gouttes de mazout. C'est l'enfer que vivent depuis une semaine les habitants de l'est du pays. SOS: villes de l'Est cherchent du gasoil! En effet, ce précieux carburant est porté disparu depuis près d'une semaine dans plusieurs villes de l'Est. A Bordj Bou Arrèridj, Sétif, El Eulma, Batna, Biskra, Béjaïa,...la pénurie bat son plein. Les automobilistes de ces villes qui disposent de véhicules qui roulent au diesel sont dans l'impasse. Impossible de trouver du gasoil, et si par magie on trouve une pompe à essence à qui il en reste, il faut s'armer de patience. C'est ce que nous confirme Hassene Khenissa, un commerçant d'El Eulma, joint hier par téléphone. «Aujourd'hui (hier, ndlr) la queue devant les stations-service d'El Eulma a dépassé les deux kilomètres, provocant des embouteillages monstres dans la ville», témoigne-t-il. «Depuis près d'une semaine, les pompes à essence sont prises d'assaut juste après la prière d'El Fadjr. Il faut attendre plus de trois heures pour espérer passer, tout en priant Dieu qu'arrivé votre tour vous ne serez pas celui à qui on dit: pas de chance, vous devez revenir après...», s'insurge Hassen qui avoue avoir tenté de faire le malin en allant dans les villes voisines de Bordj Bou Arréridj et Sétif croyant, crédule, que la pénurie n'a touché que sa chère El Eulma. Mais il est rentré bredouille de sa chasse au...carburant. «Pis encore, j'ai consommé le peu qu'il me restait», réplique-t-il. Effectivement, la mésaventure de Hassen est corroborée par plusieurs habitants de la région. Mais pas seulement! On nous a appris que c'est tout l'Est du pays qui est en proie à la pénurie de gasoil. «Mon fourgon est au garage depuis plus de trois jours», affirme dépité, Fouad un «Biskri» qui ne mâche pas ses mots. «On est pris en otage par cette pénurie, et Naftal ne daigne même pas nous donner d' explications», dénonce ce quinquagénaire dont le véhicule est l'outil de travail. C'est la même situation que vit Aâmi Sebti, agriculteur à Batna. «Mes tracteurs sont à l'arrêt depuis lundi. Les quelques réserves que j'avais ont vite été épuisées», atteste-t-il. «La chaîne rahi twiiillaaaa, ya wlidi fel poumpétes. Nakhdem oula naâmar l'essence? (Il y a des chaînes de voitures interminables dans les pompes à essence. Je vais travailler ma terre ou faire la chaîne?)», s'interroge-t-il pour expliquer le dilemme devant lequel cette situation le met. Béjaïa, elle, est la première ville de l'Est à avoir été touchée par cette pénurie. La tension s'est fait ressentir au début du mois en cours pour revenir à la normale quelques jours plus tard et ressurgir une nouvelle fois ces derniers jours. Le mazout est donc une denrée très rare à l'Est mais qu'en est-il des autres carburants? «On n'a connu aucun problème sur l'essence super et normal. Pour le sans plomb, il y a de petits manques ce qui arrive souvent pour ce type de carburant. Par contre c'est le gasoil qui pose quelques soucis avec quelques problèmes d'approvisionnement», résume clairement la situation un pompiste de Sétif. Ce dernier insiste sur le fait que le problème se situe au niveau de l'approvisionnement. «On est livrés au compte-gouttes. On nous a expliqué que c'est à cause du mauvais temps qui persiste ces derniers jours, les «tankers» n'arrivent pas à accoster au niveau du port de Skikda ces derniers jours pour décharger le carburant car il faut savoir que même si on est un gros producteur de pétrole, on ne l'est malheureusement pas de carburant. On importe à prix fort notre essence et mazout», rapporte-t-il les explications qui lui ont été données. Les citoyens qui n'ont pas eu droit à des éclaircissements de la part des responsables de Naftal avancent des théories les plus farfelues les unes plus que les autres. Certains pensent que c'est une méthode des autorités pour obliger les gens à abandonner le gasoil, voir l'utilisation du véhicule au profit des transports publics. D'autres estiment que c'est pour obliger, en ces temps de crise, les citoyens à rationaliser la consommation des Algériens en carburant. Pendant ce temps-là, certains adaptes de la théorie du complot croient dur comme fer que «nos gouvernants ont trouvé avec cette pénurie une nouvelle méthode pour faire oublier aux citoyens les vrais problèmes qui minent leur quotidien après l'échec de l'autre problème oublié qu'est l'équipe nationale de football». En tout cas, l'information de cette pénurie de l'Est est en train de se propager comme une traînée de poudre amenant avec elle les rumeurs les plus folles. Sur Internet, on ne parle d'ailleurs que de cela. Dans la très populaire page infos trafic, de bons samaritains conseillent les automobilistes qui doivent se rendre dans les villes de l'Est à prendre leurs dispositions à l'avance. Toutefois, la panique est en train de gagner les habitants de la capitale qui craignent de voir cette pénurie atteindre le centre du pays. Les stations-service commencent déjà à être prises d'assaut. Les petites stations, celles qu'on trouve dans les villes, sont à sec. Il ne reste chez beaucoup d'entre elles que l'essence de type super, difficile de trouver du sans plomb et du mazout. Dans les grandes stations, le carburant est disponible mais une affluence anormale est constatée. Ce week-end sera donc celui de toutes les angoisses pour les automobilistes et les pompistes... Attention à vos réservoirs!