Le siège du FMI Il faut mettre en oeuvre une consolidation budgétaire graduelle, mais soutenue. La politique macroéconomique prudente et avisée observée par le pays a fait que l'Algérie se trouve aujourd'hui à l'abri et «mieux préparée» que lors des années 1980 pour contrecarrer les chocs externes générés par la chute des cours mondiaux du pétrole. C'est ce qu'a affirmé jeudi à Alger le directeur du département du Moyen-Orient et Afrique du Nord au Fonds monétaire international (FMI), Masood Ahmed. Lors d'une conférence, organisée jeudi par la Banque d'Algérie, sur l'impact de la baisse des prix du pétrole sur les pays de la région Mena (Middle East North Africa), ce haut responsable du FMI dira que la conjoncture régionale est toutefois marquée par une «transition politique où sécurité et profit se chevauchent (...) parallèlement avec les conflits, la chute des prix du pétrole et une baisse de la demande mondiale», et d'ajouter que les «fortes fluctuations des principaux taux de change, une croissance lente dans la zone euro qui pèsent aussi sur les exportations et les envois de fonds des pays du Mena» ont modifié les perspectives régionales qui se sont détériorées depuis octobre. A ces paramètres, devraient s'ajouter, selon Masood, la chute des prix du pétrole qui a fort influé sur les exportations de ces pays conjuguées aux sources de pétrole non conventionnel qui s'avèrent plus importantes que prévues. L'Etat algérien «a réussi à développer et à renforcer des marges de manoeuvres budgétaires qui ont permis au pays de mener des ajustements, face à cette nouvelle conjoncture». Le représentant du FMI n'a toutefois pas manqué de relever des risques dont, notamment, le creusement du déficit budgétaire et de la balance des paiements sous l'effet de la hausse des dépenses publiques et des importations, qui sont des paramètres à même de fragiliser la position extérieure de l'Algérie. Le FMI a prévu deux scénarios, au titre de l'économie algérienne, pour faire face à la chute des prix du pétrole. Le premier, selon Masood, réside dans le maintien de la politique économique basée sur le financement des investissements par les recettes des hydrocarbures et la poursuite du creusement du déficit budgétaire. Le représentant du FMI a également prévenu du risque d'un endettement public lequel est «quasi-nul» à l'heure actuelle, ainsi que l'érosion des réserves de change, estimées à quelque 185 milliards de dollars. Le conférencier a cependant admis que les réformes engagées par l'Algérie, indiquent qu'un tel scénario n'est pas envisageable car, a-t-il dit, l'Algérie «n'est pas en situation de crise». Ce qu'il faut, c'est de mettre en oeuvre une consolidation budgétaire graduelle mais soutenue, stimuler la contribution de l'investissement privé et des exportations nettes, tout en les maintenant à une croissance viable. Il serait prudent d'assurer la protection des plus vulnérables et renforcer la gouvernance. Quant au deuxième scénario envisagé par l'institution financière mondiale, son représentant s'attend à ce que l'Algérie «accélère ses réformes économiques pour réaliser son énorme potentiel». Une consolidation budgétaire graduelle soutenue, une stimulation de la contribution de l'investissement privé dans le développement et une diversification des exportations sont les principaux axes des projections du FMI. Ces deux projections ont été établies sur la base d'un prix d'un baril oscillant entre 50 et 70 dollars pour les cinq prochaines années. Présent à cette conférence, le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a affirmé que la chute des prix du pétrole «n'a pas mis en question la stabilité macroéconomique du pays dont la maîtrise de l'inflation constitue un élément important». Il a ajouté que les crédits à l'économie ont connu une croissance de 26% en 2014 contre une moyenne annuelle de 20% pour les exercices précédents.