Trois victimes d'un illuminé Imaginons un instant que cela se soit passé dans un pays musulman, ou même que cela se soit passé chez eux, qu'un musulman français ait tiré sur trois non-musulmans français à Paris! Que se serait-il passé alors? Mardi soir, à Chapel Hill en Caroline du Nord, trois jeunes étudiants musulmans de la même famille ont été tués par balles. L'auteur? un homme de 46 ans. Il est américain et il s'est rendu à la police quelques minutes après son forfait. Quelques mots dans les médias puis plus rien. Obama qui s'était pourtant empressé de condamner l'attaque de Charlie Hebdo, Cameron, Merkel, Hollande et tout ce beau monde a, semble-t-il quelque chose d'autre à faire que de condamner le triple meurtre de Chapel Hill, tout comme les médias qui avaient remué ciel et terre lors de l'attaque de Paris. Les hommes ne sont pas les mêmes et ce qu'on accorde aux uns, on le refuse aux autres. On l'a compris depuis longtemps, mais ce qu'on n'a pas compris c'est pourquoi ces marcheurs de Paris, ces musulmans qui étaient allés en courant prendre part à la marche de soutien à la liberté d'expression ne le font pas aujourd'hui pour soutenir la liberté du culte, beaucoup plus importante et beaucoup plus ancienne? On ne comprend pas pourquoi nos «mouharwiloun» d'hier, qui avaient bien pris la précaution, avant de sortir de l'hôtel, de vérifier dans le miroir qu'ils avaient bien pris l'air grave qu'il fallait afficher devant Hollande et les siens, sont devenus muets aujourd'hui, sans un seul mot pour les trois victimes de Chapel Hill, alors qu'un triple crime raciste, antireligieux, dégueulasse et indicible a été commis contre trois des leurs. Trois jeunes musulmans sont tombés sous les balles d'un voisin américain et personne n'a trouvé à en redire. Faut-il que les victimes soient autres que musulmanes pour que leur vie soit importante? C'est tout comme en tout cas et ceux qu'il faut blâmer ce ne sont ni Hollande, ni Obama, ni Merkel ni Cameron ni les autres. A ceux-là on reproche tout juste la comédie et le double langage. Ceux qu'il faut blâmer ce sont les nôtres, les musulmans eux-mêmes qui, en cas d'assassinat de non-musulmans, condamnent avant même que les victimes ne soient reconnues comme telles. Ils sont là avant qu'on leur fasse signe, pour remplir les rues et grossir les rangs des marcheurs. Ils lèvent le doigt, avant qu'on le leur demande, pour approuver toutes les décisions qui les concernent et qui ne les concernent point, celles qui les étranglent et celles qui leur font baisser les rideaux! Ceux-là sont à condamner. Imaginons un instant que cela se soit passé dans un pays musulman, ou même que cela se soit passé chez eux, qu'un musulman français ait tiré sur trois non-musulmans français à Paris! Que se serait-il passé alors? Rappelez-vous Merah, par exemple. Un état d'alerte qui grimpe à son niveau maximum, les télévisions qui n'arrêtent pas de dérouler l'information sur l'écran, la police qui délivre, au goutte-à-goutte, des informations bien orientées, des plateaux à thème envahissent les télévisions, des noms musulmans commencent à sortir du chapeau des animateurs, les dérives religieuses des assassins, leur mauvaise vie puis arrive le moment des critiques de la religion puis, paf, c'est au tour du terrorisme et des terroristes, de l'attaque coordonnée (qu'on fera tout pour démontrer même lorsque cela est impossible comme dans le cas précis de Charlie Hebdo). On trouvera forcément un lien avec El Qaîda même si cela est dépassé, un autre lien avec l'Etat islamique, même si cela est trop anormal. On ressortira la discussion à propos du Coran et on convoquera des pseudo-musulmans émargeant là-bas qui viendront jurer de toutes leurs forces que le Coran doit être révisé, que des versets doivent être retirés et que la seule morale qu'il faut retenir est celle de l'Occident. De leurs maîtres quoi! Dans le cas de Chapel Hill, pour éviter tout cela, les médias ont vite annoncé que l'assassin est un homme sans religion. N'est-ce pas suffisant pour éviter à ce que certains demandent aux non-musulmans de condamner leur haine des musulmans (ce qui s'est fait en France, mais dans l'autre sens)? A la suite des médias, la police est aussi arrivée avec son aide au criminel. «Rien ne prouve qu'il les a tués à cause de leur religion. Tout semble indiquer que ce soit un problème de parking de l'immeuble.» Ils oublient que lorsqu'on veut tuer son voisin à cause d'un problème de parking de l'immeuble, on le tue lui, mais pas toute sa famille alors que lorsqu'on le fait à cause de sa religion, alors là on le descend lui et toute sa famille. La morale de là-bas est ainsi sauve avec quelque maquillage de la police et des médias. «Ce n'est rien, ce sont seulement trois musulmans qui ont été assassinés», raillent certains sur les réseaux sociaux. Et c'est très révélateur. Nos «mouharwiloun» peuvent dormir tranquillement, personne ne leur demandera d'organiser une marche, ce serait trop compliqué. Si aujourd'hui, rien n'est fait suite à l'assassinat immonde de trois jeunes musulmans, c'est d'abord à cause des nôtres. Et ceux qui sont à blâmer, ce sont ceux qui nous ont vendus, en gros et en vrac, sur les trottoirs de notre déchéance dont ils sont les sinistres auteurs.