« Ces trois fonctionnaires représentent la diversité des origines, des parcours » a affirmé François Hollande hier matin dans un hommage solennel aux trois policiers Franck Brinsolaro, Ahmed Merabet et Clarissa Jean-Philippe. Pour signifier que la France est plurielle ? Mise en garde à ceux qui sont tentés par la stigmatisation des jeunes des banlieues populaires désertées par la République et qu'il faudra qu'elle réinvestisse ? Mise en garde contre les amalgames entre islam et islamisme ? Paris / De notre bureau « La folie n'avait pas de religion ,elle avait le visage de la haine, la haine de ce que la France représente »a souligné François Hollande mardi matin. Lorsque le chef de l'Etat français relève et insiste sur les origines algériennes de Ahmed Merabet et de son appartenance à l'islam, cela ressemble à un autre avertissement contre les amalgames. Et ce, alors que plusieurs dizaines d'actes d'agression contre des mosquées et des menaces de mort proférées contre des dirigeants de mosquées sont signalés. Ce qui fonde, à juste titre les responsables du culte musulman à réclamer une plus grande protection des lieux de culte. « Français de confession musulmane, fier de respecter les valeurs de la République, la laïcité, la laicité qui fait que dans notre pays toutes les croyances sont respectées , toutes les religions sont protégées, tous les citoyens qu'ils croient ou qu'ils ne croient pas, vivre ensemble la laïcité pour laquelle Ahmed Merabet est également tombé » a encore déclaré François Hollande, un message qui se voulait aussi rassurant à l'adresse des musulmans de France. Et d'ajouter « lui mieux que quiconque savait que l'islamisme radical n'a rien à voir avec l'islam, que le fanatisme tue les musulmans, c'est vrai en Afrique, c'est vrai en Irak, c'est vrai en Syrie, c'est vrai en France parce que le djihadisme, l'islamisme radical frappent celles et ceux qui veulent être libres dans leur foi, leur croyance, leurs convictions, qui veulent vivre libres tout simplement. Son sacrifice est aussi une leçon qu'il nous adresse pour refuser les amalgames, pour écarter les confusions, pour repousser les confusions, pour dénoncer les actes antimusulmans qui sont autant d'atteintes à la République ». Brossant le portrait des trois policiers asssassinés dans les attentats terroristes des 7 et 8 janvier François Hollande a rappelé que Ahmed Merabet « est né en Seine-Saint-Denis dans une famille d'origine algérienne, dans une grande et belle famille. Il venait d'obtenir le concours si difficile d'officier de la police judiciaire. Touché une première fois par une salve de balles, il a résisté, et il a été lâchement exécuté d'une balle dans la tête alors qu'il était à terre. Ahmed Merabet a été inhumé hier en début d'après midi au carré musulman du cimetière de Bobigny. Clarissa Jean-Philippe, originaire de la Martinique, recrutée comme stagiaire à Montrouge, venait d'être titularisée. « Elle a été lâchement assassinée dans le dos. Elle était là pour empêcher un terroriste d'aller plus loin dans sa folie, à quelques mètres il y avait une école », a aussi rappelé François Hollande. Clarissa Jean- Philippe, 27 ans, a été tuée par Amedy Coulibaly le 8 janvier au matin alors qu'elle se rendait sur les lieux d'un acciden t de la route, à Montrouge. Franck Brinsolaro, 49 ans, était affecté à la protection de Charb, directeur de Charlie Hebdo. il a été tué par un des frères Kouachi dans les locaux de Charlie Hebdo, le 7 janvier. Les trois policiers ont été décorés à titre posthume des insignes de chevaliers de la légion d'honneur par le président Hollande avec citation à l'ordre de la nation. Un hommage national aux 17 victimes des attentats aura lieu la semaine prochaine aux Invalides.