«La partie sahraouie a fait part de ses profondes préoccupations au sujet des violations des droits de l'homme par le gouvernement marocain au Sahara occidental...», a déclaré Mohamed Abdelaziz à l'issue de son entretien avec le représentant personnel de Ban Ki-moon. Christopher Ross a achevé lundi dernier sa visite aux camps de réfugiés sahraouis. Elle aura duré trois jours. Trois jours durant lesquels il s'est rendu compte que rien n'a changé. Tortures, répression, violences: le peuple sahraoui les subit quotidiennement. Les forces d'occupation marocaines sont incorrigibles. Le président sahraoui ne s'est pas fait prier pour en faire part à l'envoyé spécial de l'Organisation des Nations unies pour le Sahara occidental. «La partie sahraouie a fait part de ses profondes préoccupations au sujet des violations des droits de l'homme par le gouvernement marocain au Sahara occidental, en dépit de la présence de l'ONU qui détient les mécanismes politiques, légaux et des droits de l'homme», a déclaré Mohamed Abdelaziz à l'issue de son entretien avec le successeur de Peter Van Walsum. Doter la Minurso d'un mécanisme de surveillance des droits de l'homme a été et demeure un bras de fer entre le Front Polisario et Rabat en attendant que l'esquisse de la tenue d'un référendum puisse voir le jour. Le moment est peut-être venu pour faire aboutir cette revendication. Le Maroc ayant déjà échappé de justesse à la correctionnelle concernant la question de la violation des droits de l'homme au Sahara occidental. Les Etats-Unis qui avaient décidé en avril 2013 de proposer un élargissement des pouvoirs de la Minurso à la surveillance du respect des droits de l'homme ont retiré à quelques heures de son adoption, une nouvelle résolution par le Conseil de sécurité non sans avoir abouti à une sorte de modus vivendi. La résolution 2099 votée en avril 2013 avait appelé à une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», tout en insistant, au contraire de celles qui l'ont précédée, sur «l'importance de l'amélioration de la situation des droits de l'homme» dans les territoires du Sahara occidental occupés par le Maroc. Rien n'a changé depuis. Le secrétaire général du Front Polisario démêle l'écheveau. «La présence marocaine sur le territoire sahraoui est une force d'occupation... la légalité internationale et le droit international sont les parties devant déterminer les démarches et les actions liées à la gestion de la question du Sahara occidental», a souligné M.Abdelaziz qui a appelé à ce que «l'ONU assume la responsabilité de ce qui se passe dans les territoires sahraouis occupés», tout en réitérant la disposition du Front Polisario «à coopérer avec l'ONU et à soutenir les efforts de M.Christopher Ross, pour arriver à une solution garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, conformément aux résolutions de la communauté internationale». Un fol espoir que vient de raviver la position du Royaume-Uni. Le sous-secrétaire d'Etat britannique des Affaires étrangères, Tobias Ellwood, a réitéré le soutien du gouvernement de son pays aux efforts des Nations unies en faveur d'une solution politique «durable et mutuellement acceptable par les deux parties» garantissant le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, rapporte une dépêche de l'agence de presse officielle sahraouie, SPS datée d'hier. Un appui qui fera sans aucun doute tache d'huile et qui laisse augurer d'un probable dérapage du pouvoir marocain.