D'intenses combats continuaient d'opposer hier, pour le troisième jour consécutif, forces gouvernementales et rebelles dans le nord-est du Soudan du Sud, selon le ministère sud-soudanais de la Défense, à la veille d'une reprise prévue d'interminables pourparlers de paix. D'intenses bombardements étaient signalés dans diverses zones de l'Etat pétrolifère du Haut-Nil, notamment autour des zones de Renk et Melut. M.Manyang a indiqué que le petit village de Kaka, près de Melut, était «soumis à un intense bombardement d'artillerie lourde», estimant que 80 soldats sud-soudanais avaient été blessés et 50 portés disparu. Six soldats ont été déclarés tués, mais l'étendue exacte des pertes ne sera connue qu'après la fin des combats, a-t-il expliqué. L'organisation intergouvernementale est-africaine Igad, médiatrice des pourparlers de paix sud-soudanais ouverts depuis janvier 2014 à Addis-Abeba, a donné jusqu'au 5 mars au président Salva Kiir et à M.Machar pour conclure un accord de paix final, mais de précédents ultimatums similaires ont été ignorés malgré des menaces de sanctions. MM. Kiir et Machar ont signé plusieurs cessez-le-feu, systématiquement violés après leur conclusion. Le ministre sud-soudanais de l'Information Michael Makuei a indiqué que le gouvernement prévoyait toujours, malgré les combats, de se rendre à Addis-Abeba pour la reprise aujourd'hui des pourparlers. Les combats au Soudan du Sud ont éclaté le 15 décembre 2013 au sein de l'armée sud-soudanaise minée par les divisions politico-ethniques, alimentées par la rivalité à la tête du régime entre MM.Kiir et Macha, issus des deux principaux peuples du pays, les Dinka et les Nuer. Plusieurs milices tribales ou groupes armés épaulent l'un ou l'autre camp et échappent pour partie au contrôle des deux dirigeants. Les affrontements, accompagnés de massacres et atrocités à caractère ethnique, ont plongé le plus jeune pays du monde dans une grave crise humanitaire et l'ont conduit au bord de la famine. Le pays, l'un des plus pauvres du monde malgré ses richesses pétrolières, a proclamé son indépendance en juillet 2011, à l'issue d'un des plus longs et sanglants conflits d'Afrique (1983-2005, deux millions de morts) contre le régime de Khartoum qui l'ont laissé exsangue. Aucun bilan officiel du conflit n'est disponible, mais le groupe de réflexion ICG estime qu'au moins 50.000 personnes ont été tuées. L'ONU estime que 2,5 millions de personnes, sur les 10 millions d'habitants ont besoin d'une aide urgente.