587 maisons d'édition, dont 224 arabes, 42 européennes et 91 autres nationales, y éliront domicile. La neuvième édition du Salon international du livre d'Alger, dédié à Frantz Fanon, s'ouvrira mercredi au Palais des expositions. 587 maisons d'édition prendront part à cet événement. Le livre, la vedette. Dix jours de pure merveille intellectuelle tout au long desquels les adeptes du monde du savoir et des belles lettres sera convié à se frotter à une ambiance qu'une armée de maisons d'édition et non des moindres a été chargée de mettre en «effervescence». Hier, au Sofitel à Alger, Abdelkader Khemri, P-DG de l'Anep et président du comité d'organisation du neuvième Salon international du livre d'Alger, a dévoilé les grandes facettes de cette manifestation livresque dont l'hommage a été, à l'unisson, consacré à Frantz Fanon, intellectuel émérite et militant actif de la Révolution algérienne. Et comme pour joindre l'historique à l'intellectuel, il a été décidé, à l'approche du 50e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, de mettre l'événement au parfum de l'histoire et d'en faire, donc, un rendez-vous doublement célébré. A l'intérieur des 8 202 m² de superficie des principaux pavillons du Palais des expositions Safex, de la capitale, lieu où se déroulera, à partir de demain et jusqu'au 18 du mois en cours, le Salon, 587 maisons d'édition dont 224 arabes, 42 européennes et 91 autres du côté national, éliront domicile. Une participation dont M.Khemri n'a pas manqué de souligner l'accroissement tant, dit-il, les facilités commerciales (exonération de la taxe douanière durant toute la durée du Salon) prévues, à cet effet, par les organisateurs sont importantes. Pour la petite nouveauté, trois autres éditeurs, dont un Américain et un Iranien, feront, quant à eux, leur baptême du feu algérien. Pour les enfants, le comité d'organisation (l'Anep, le Syndicat des professionnels du livre SPL, l'association Al Aslia) a prévu d'ébaucher, pour un premier test, un salon où seront exposés une centaine de livres. Une action qui vise, pense le patron de l'Anep, à encourager les éditeurs à venir découvrir le jeune public et fixe aussi l'objectif de donner aux parents et aux enfants la possibilité d'un plus grand choix de livres. Cela, espère M.Khemri, servira d'appoint pour institutionnaliser, pour la première fois, un Salon international consacré, exclusivement, aux enfants. Depuis que les pouvoirs publics ont décidé de reprendre le salon du livre après quatorze années d'interruption due principalement à la crise de la décennie écoulée, le souci de greffer les grandes figures nationales à ce rendez-vous s'était imposé avec acuité. Et c'est, à ce titre, que le choix, pour cette édition, s'est porté sur Frantz Fanon. Le P-DG de l'Anep s'en vante d'ailleurs: «C'est un Algérien à part entière. Un intellectuel qui a sacrifié sa vie pour la libération de notre pays». M.Khemri a annoncé, dans le même cadre, l'organisation, les 12 et 13 septembre, d'un colloque international sur l'oeuvre intellectuelle de l'homme. Une rencontre à laquelle participeront, outre le fils Fanon, Olivier, une kyrielle d'intellectuels et autres personnalités publiques dont les Français Benjamin Stora, Alexandre Adler, Hervé Bourges, Nicole Dreyfus, le Tunisien Ahmed Sersou, l'Irakien Fakhri Karim... excusez du peu! Saisissant la fibre historique de l'événement, une série de rencontres-hommages aux moudjahidate ayant un lien direct avec l'histoire que devront animer successivement: Zhor Ounissi, Zohra Drif, Djamila Bouhired, Louisette Ighilahriz... De même, l'on a pensé, dans ce même ordre d'idées, à mettre en place ce que M.Khemri appelle «les espaces de convivialité» pour organiser des hommages en faveur, cette fois-ci, des figures de proue de la littérature algérienne: Kateb Yacine, Tahar Djaout, Mohamed Belhalfaoui, Jean Senac, Malek Benabi...pour ne citer que ceux-là. Si l'appartenance, pour le moins théorique, du salon du livre reste étroitement liée au cadre institutionnel de l'édition nationale, il est toutefois utile, voire même indispensable, de l'avis de M.Khemri, de débattre, avec l'ensemble des acteurs concernés, de la situation du livre en Algérie. Car, le diagnostic «sévère» établi, à ce sujet, par le conférencier, reste sans complaisance: «L'édition nationale souffre de nombreux problèmes liés, en grande partie, à la tarification, la diffusion...» La détérioration du secteur, M.Khemri l'impute notamment au désengagement de l'Etat, coupable d'avoir introduit, sans préparation aucune, l'activité dans l'économie de marché alors que, dans de nombreux pays, les plus libéraux de surcroît, le soutien au livre ne se pose pas. Ainsi, il a appelé à profiter de cette fenêtre qu'est le 9e Sila, pour rendre possible une politique du livre dans laquelle seront mis à nu l'ensemble des problèmes et proposées, par voie de conséquence, les solutions appropriées. A la question sur l'interdiction par le comité de contrôle, instance gérée par le ministère de la Culture, des ouvrages contredisant la politique officielle de l'Etat algérien, le président du Salon, en brandissant le danger des ouvrages faisant l'apologie du meurtre et de la violence, pense, lui, que l'interdiction y va d'un réflexe de société et non d'un acte politique. Car: «Nul ne saura détourner la vocation plurielle du Salon», a-t-il asséné.